Est-ce que l’histoire sert à quelque chose, ou à quelqu’un? Ou encore, qui se sert de l’histoire? On le sait, les factions politiques partout dans le monde s’en servent pour des fins de propagande. C’est connu. Mais ici, je dois vous faire part de deux irritants d’actualité.
Le premier, une affiche publicitaire pour faire la promotion de logements sur un site où on on vient tout juste de détruire l’histoire en rasant un patrimoine centenaire. Faites partie de l’histoire, écrit-on, en réservant votre appartement sur les ruines de l’antique usine Singer. A-t-on oublié que l’histoire c’est le passé? Ce n’est pas le futur. Elle était là l’histoire. Elle nous parlait dans ses pierres, ses briques et ses murs. On l’a supprimée. On ne peut plus en faire partie. Le deuxième agacement me parvient par la publicité que Boréal Express nous fait d’un livre récent de John Saul. John Saul est un auteur à la mode au Canada anglais. On essaie de nous persuader que le Canada, qui n’est pas né en 1867 (ce qui était déjà une fausseté historique), a plutôt été fondé par deux visionnaires (quelle exagération!), Louis-Hippolyte Lafontaine et Robert Baldwin, sous la période du Canada-Uni. Ces deux-là, écrit-on, auraient officialisé le bilinguisme (autre fausseté). Pardon! Mais il n’en est rien, messieurs. L’anglais seule était la langue officielle. On tolérait l’usage du français dans les débats ou on traduisait en français. Le bilinguisme, me semble, c’est bien autre chose. N’est-ce pas Pierre Elliot Trudeau qui l’a rendu officiel? Ceux qui se servent de l’histoire à des fins commerciales devraient peser leurs mots. (Rédaction: Paul-Henri Hudon) Sur le Web: Démolition de la Singer: une page d’histoire se tourne, Le Canada Français, 31 janvier 2011