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Au bord de l’infini (Victor Hugo)

By 10/04/2019May 9th, 2019No Comments

Une belle pièce de notre patrimoine de Chambly est disparue à jamais. C’est triste. Le muret de l’enclos du cimetière paroissial Saint-Joseph n’est plus. Chambly est en deuil. Ce muret avait réuni à l’intérieur de ses pierres plusieurs milliers de trépassés pendant 188 ans. Car le sous-sol au pourtour de l’église Saint-Joseph est une véritable nécropole. Depuis 1739, nos ancêtres reposent là, en attente de la résurrection. Ces pierres emmurées nous rappelaient que ces morts avaient été des pierres vivantes. Elles symbolisaient la dureté de la vie et la durée du temps, là, au bord de l’infini (Victor Hugo).

La pierre est image d’éternité. Voyez les pyramides, les menhirs, les dolmens, les dalles et les stèles  tous ces mausolées de la planète, qu’on dresse en souvenir. A-t-on idée de raser les Taj Mahal, les figurines de l’empereur de Chine, les catacombes, les obélisques, les cimetières militaires de notre monde, les en-feu et les gisants de nos cathédrales?  Le champ des morts, cette terre bénie où l’on ne pénétrait qu’en silence, les aïeux le voulaient entouré d’un respect perpétuel. L’enclos de pierre, comme l’urne funéraire, c’était la permanence du souvenir, le champ du repos. Morts de Chambly, où sont maintenant vos abris, pour qu’on ne vous piétine point? L’antique muret de pierre érigé en 1820 autour de l’église Saint-Joseph-de-Chambly a été rasé au sol. Il était du même âge que celui de Saint-Mathias qui a traversé les âges et que celui de Marieville, totalement disparu. Il restait de ce magnifique enclos funéraire environ 250 pieds linéaires sur les 766 pieds d’origine qui ceinturaient l’église. Dix pieds de haut, chapeauté d’un faite protecteur qui lui donnait fière allure. Tous les croyants avaient contribué de leurs deniers. Il avait couté 21 000 livres à l’époque. François Morier, a été le maître-maçon, auteur de ce solide monument. Et ses successeurs l’avaient fièrement entretenu et réparé. En 2000, il était vermoulu, vouté, boiteux, Ici, il lui manquait des dents; là, il avait perdu des cheveux. Il penchait à droite. Nous avions en 2003 prévenu des officiers du ministère des Affaires culturelles. Visite des lieux, palabres, photographies. Mais aucune ressource pour ce patrimoine exceptionnel. (Il ne reste que quelques rares unités d’enclos paroissial au Québec). Donc pas d’implication du gouvernement. Une évaluation sommaire estimait à plus ou moins 200 000 $ le cout des réparations et de consolidation de ce mur. La fabrique ne dispose pas de cette somme. Impasse. Rien n’est fait. Restaurer un vieux mur! Bof! Voilà qu’en 2012, il ne restera qu’une trace au sol. Les photos datent de 2003. Paul-Henri Hudon