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Chambly-Canton et la belle époque

By 10/04/2019May 9th, 2019No Comments

Chambly fut longtemps divisé en deux municipalités: Chambly-Bassin et Chambly-Canton. Le territoire de cette dernière municipalité commençait à la limite du parc de Fort-Chambly et allait jusqu’aux limites de Carignan, là où se trouve l’usine de Bennett Fleet.

À la belle époque, la «vie était joyeuse» dans la petite municipalité de Chamby-Canton relate la copie d’un article de journal, (malheureusement sans indentification, mais qui date vraisemblablement des années 1930). Cette «perle de la rive sud», dit-on, baigne dans l’histoire avec son vieux fort, relique des premiers temps de la colonie. «Traversée par un canal pittoresque, sertie de belles résidences, de splendides jardins, d’arbres magnifiques, elle est le rendez-vous des touristes et des fervents de notre histoire nationale.» Le yatching était à l’honneur, rapporte le même journal, de même que l’équitation. L’article mentionne également que «le populaire athlète canadien-français Jean Pusie (1910-1956) habite à Chambly-Canton et qu’il y sème la gaieté et l’amour du sport par sa fantaisie et sa bonne humeur.» Vedette du hockey de 1930 à 1936, Pusie a été défenseur pour les Canadiens (1930-1933), L’équipe a remporté la coupe Stanley en 1931. Cinéma, cinéma À Chambly-Canton, il y avait un théâtre, propriété de Georges Bouchard (1881-~1943) qui avoisinait sa résidence privée de la rue Bourgogne. Déjà, en 1921, Georges Bouchard louait l’hôtel de ville de Chambly-Canton pour présenter des «vues animées» les samedis et les dimanches. C’était sa femme, Bertha Riendeau, qui était la pianiste à l’époque des films muets. Elle organisait également des représentations théâtrales. Les Chamblyens de cette époque ont-ils eu la chance de voir Madeleine de Verchères, un des premiers films québécois produits en 1922? À l’époque, il n’en coûtait que quelques cents pour une entrée au cinéma. Par exemple, le Ouimetoscope de Montréal a des tickets à 5 cents et 10 cents. Dans les salles de quartier, l’atmosphère était conviviale et le public ne se gênait guère pour interagir pendant la représentation. Par contre, dans les «palaces», fréquentés par la belle société, les dames se rendaient gantées et chapeautées pour assister à la représentation et se faire voir. La mode était alors aux chapeaux immenses qui gênaient les spectateurs. Et une dame digne de ce nom conservait toujours son chapeau, comme en témoigne l’incident suivant. En 1907, à Montréal, la journaliste féministe Robertine Barry, connue sous le pseudonyme de «Françoise», est expulsée d’un théâtre pour avoir refusé d’enlever son chapeau. Elle entame des poursuites et le juge lui donne raison: «le port du chapeau est une affaire de courtoisie et non de loi».    Le cinéma deviendra «parlant» en 1927-1928. Bertha Riendeau (photo du haut), tout comme son époux, est née à Chambly en 1884. Elle était la fille du marchand Hormidas Riendeau et d’Alphonsine Leblanc. Elle a également été institutrice. Le mariage Bouchard-Riendeau a été célébré à Saint-Joseph-de-Chambly le 6 novembre 1912. Georges Bouchard, électricien puis contremaître chez Bennett, fut maire de Chambly-Canton entre 1934 et 1937, tout comme son père, Joseph Bouchard (1913-1914). En 1936, l’abbé Charles Boyer était curé et président de la commission scolaire de la municipalité (une petite rue entre les rues Langevin et Richelieu porte son nom). On peut encore voir l’emplacement du «théâtre de Chambly» grâce aux propriétaires du commerce Piscine Chambly qui ont toujours conservé la forme typique du fronton d’une salle de théâtre. Cette salle a définitivement fermé ses portes il y a environ une vingtaine d’années. L’époque du muet n’est pas révolue, puisqu’en 2012, un film muet, L’artiste, est en lice pour l’Oscar du meilleur film. (Excellent film, à voir absolument.) Pour en connaître plus sur l’époque du cinéma muet: www.cinemamuetquebec.ca     On peut lire une excellente biographie en deux tomes sur Robertine Barry, publiée aux Éditions Trois-Pistoles, sous la plume de Sergine Desjardins: La femme nouvelle et On l’appelait Monsieur. Merci à madame Andrée Galipeau Papineau, résidante de Saint-Constant et membre de la Société d’histoire de La Prairie La Magdelaine, petite-fille de Bertha Riendeau et de Georges Bouchard, pour de nombreux renseignements et photos sur sa famille. De même qu’à monsieur Paul-Henri Hudon pour des compléments généalogiques. Rédaction: Louise Chevrier Photo: Mademoiselle Bertha Riendeau (1884-1963), à l’âge de 20 ans, pianiste au temps du cinéma muet.