Il ne s’agit pas de meubles ou d’appareils domestiques. Non! Ce ne sont pas non plus des déplacés, des migrés économiques. Non! Un enfant qui a subi une deuxième mue? Non plus! Croyez-vous que ce soit des spécialistes en remue-méninges, des remueurs d’idées? Encore non!
Eh bien! Je vais vous surprendre. Même si le mot remueur se trouve au Petit Robert et au Larousse, les remués et les remueuses appartiennent à l’histoire. Leur définition de tâches se confond avec l’usage. Un usage oublié, disparu. REMUEUSE Voici ce que raconte le père Jules Romme, historien du Haut-Richelieu, dans une brochure rare: «La remueuse s’occupe des enfants de la famille royale». C’est un des très nombreux offices de la maison royale. La remueuse, comme les officiers chef du gobelet de la bouche, les échansons, les panetiers, les guidons des chevaux légers, les fauconniers, et aussi l’empoisonneuse de Madame, sont embauchés pour le royal service domestique de Sa Majesté.. «La remueuse doit emmailloter le bambin royal, le changer de langes, le laver. Elle seule peut toucher l’enfant, le prendre dans ses bras, le bercer, lui chanter des berceuses. La remueuse présente l’enfant à la nourrice, le dépose au berceau, le berce au rythme cadencé de ses gestes. Elle couche dans la chambre du petit, son lit tout contre le petit berceau. Elle veille sur lui et sur son innocence endormie. L’enfant devenu roi reste attaché à sa remueuse. La fonction est transmise en survivance dans la famille aux filles, aux nièces, aux brus, selon le bon vouloir du roi.» Or, au moins une Canadienne a été remueuse à la cour de Louis XV, héritant de la charge par la famille Liénard de Beaujeu. La famille De Beaujeu était titulaire d’une seigneurie dans la région du lac Champlain. La reine en 1727, réclame madame à la Cour. Le comte de Maurepas écrit au gouverneur général de la Nouvelle-France «de procurer d’urgence passage sur la flûte l’Éléphant à Denise-Thérèse Mongeon, épouse de Louis Liénard de Beaujeu, pour revenir en France y exercer auprès des enfants du roi la charge de remueuse dont elle a la survivance». REMUÉS Le registre paroissial de Saint-Luc – une municipalité intégrée à Saint-Jean-sur-Richelieu – fait mention de marraine ou de parrain dit cousin remué de germain de l’enfant. Ainsi lors d’un baptême le 18 mars 1804. Aussi le 16 septembre 1803: «La marraine Élisabeth Plouf est qualifiée de cousine remuée germaine de l’enfant. Quoiqu’on ait écrit ailleurs cousin germin et cousine germenne, la marraine Arcange (sic) Collet est aussi «cousine remuée de germaine de l’enfant Michel Lambert», porté sur les fonts baptismaux. Nous avons répertorié moins d’une dizaine de remués dans ce registre. Qu’est-ce qui remue tant dans ces cousinages? Ce serait une distinction prévue au droit canon. Remué de germain serait différent de cousin issu de germain. Ça serait le cousin germain du père ou de la mère et qui correspondrait du 2e au 3e degré de parenté. Remué de germain peut signifier alors arrière-petit-fils du frère (ou d’une soeur) d’un arrière-grand-père ou d’une arrière-grand-mère (petit-fils de l’arrière-grand-oncle ou arrière-grand-tante). Voilà. Mais inutile de remuer ciel et terre pour si peu! Suffit de remuer le berceau. Paul-Henri Hudon Références: Archives de Société d’histoire de la seigneurie de Chambly: Jules Romme: Armoiries, brochure de 48 pages dactylographiées, Boite 22, R-021. Illustration: Internet Ce texte vous inspire des commentaires? Vous souhaitez émettre une suggestion? Merci de nous écrire.