Les illustrations qui accompagnent ce texte sont attribuées à Bourne ou à H. W. Bartlett, et dateraient d’environ 1835-1840. Sur l’une (celle avec trois personnages), regardant vers le sud, on voit trois radeaux de bois descendant dans les rapides du Richelieu en face du moulin à grains des seigneurs de Chambly. Le bief qui amène l’eau au moulin est bien visible. La scène a été croquée depuis la rive est, ou la rive droite, du Richelieu et indique des bâtiments de Chambly-Canton. À gauche de cette illustration, sur la rive de ce qui est à l’époque la paroisse de Saint-Mathias, on remarque aussi un édifice imposant; c’est un moulin à scie. On remarque aussi un autre bief alimentant en eau un moulin (non visible), dont on retrouve les ruines des fondations en 2012, au parc Fortier à Richelieu.
L’autre dessin (avec quatre personnages) montre trois cageux engagés dans les rapides. On distingue le manoir du seigneur Hatt (avec une légère fumée de cheminée), les minoteries du seigneur (à cinq étages) en face du manoir, et, à la droite du tableau, l’édifice en pierre de la brasserie Frémont, aujourd’hui disparu (au 22, rue Richelieu actuel). Ces croquis nous révèlent une page d’histoire inconnue de Chambly. Si l’auteur et la date de ces gravures sont imprécis, la réalité du commerce du bois ne fait pas de doute. Nombreux ont été les meneurs de cages qui ont gagné leur vie dans le flottage du bois sur le Richelieu. Des centaines de cages de bois ont quitté le lac Champlain, “sauté” les rapides, séjourné dans le bassin, puis reliées en plus larges radeaux, ont descendu le Richelieu et le Saint-Laurent jusqu’au port de Québec. Tout ce bois flottant de chêne et de pin était destiné à l’exportation vers l’Angleterre. Au temps du régime français, le bois du Richelieu servait aux chantiers navals de Québec. Dans les années 1800 à 1830, les Louis Papineau, François Papineau, John Lynch, Basile Decelles, Jacques Brisset, Joseph Brisset et d’autres sont des “bourgeois de cages” réputés. Ils signent des contrats soit avec des fournisseurs américains, soit avec des exportateurs anglais de Québec pour “rendre” aux plages de Québec les “plançons, des espars, des barres d’inspect” (handspikes), des “trames et des cribes” qu’on leur confie. Le marché du bois a fait les belles heures de quelques marchands régionaux; nommons Augustus Kuper et Louis Papineau de Chambly, Gabriel Marchand de Saint-Jean. Robert Hoyle du Haut Richelieu. Pendant la décennie 1810 à 1820, ce commerce a contribué à une prospérité appréciable dans la région. Paul-Henri Hudon Source: “Des cageux de bois sur le Richelieu”, étude de 65 pages, primée en décembre 2005 par la Fondation Percy-W. Foy. Auteur Paul-Henri Hudon. Disponible à la Société d’histoire de la seigneurie de Chambly.