Une étude d’histoire comparée pourrait nous fournir la preuve que Chambly a été une capitale des chevaux. Une telle recherche reste à faire. Mais le carrefour de transport que constitue Chambly, les besoins du canal pour le halage des barges, la présence de troupes dans les casernes et l’usage agricole portent à croire que l’élevage et le commerce des chevaux furent importants. Quand un simple notaire, René Boileau, élève 25 chevaux, dont un étalon, couleur gorge de pigeon, qu’il garde pour la reproduction, on peut se poser la question.
Au recensement de Chambly en 1842, René Boileau, notaire, déclare avoir 25 chevaux! Son plus proche concurrent est Joseph-Frédéric Allard qui en élève 12. Louis Papineau, commerçant de bois en utilise 8. Samuel Hatt, le seigneur, a 3 chevaux et son fils Augustus, 6 chevaux. John Glen entretient 12 chevaux et est proprio de 8 maisons habitées. Les cultivateurs ont généralement 2, 4 ou 6 chevaux, rarement plus. Sauf un Louis Dubuc qui en a 9, Albert Bigonesse qui en a 10, et Julien Lachapelle qui en a 12. Les besoins journaliers d’une ferme ne nécessitent qu’entre deux à quatre chevaux. Voyez cette annonce. «Jeune César, cet étalon sera tenu à Chambly pour la saison dans les écuries du sous-signé et livré aux juments pour faciliter le Comté(!). À la modique somme de trois piastres pour la saison, payable d’avance. Il est de couleur gorge de pigeon. Il a six ans et mesure cinq pieds de mesure française. Il est nerveux et d’une taille élégante. Il a trotté cinq lieues dans une heure et peut trotter plus.» (René Boileau, 24 mai 1831. La Minerve, 13 juin 1831) En 1836, les Américains achètent des chevaux canadiens dans la région de Montréal. Un Américain de Boston amène une vingtaine de chevaux canadiens pour une compagnie. «Nos voisins achètent de nous tous les ans une grande quantité de chevaux de race canadienne, qui est sans contredit le meilleur pour tirer et résister aux travaux. Nos chevaux sont généralement francs et durs au travail. Nous engageons nos cultivateurs à veiller à ce que la race en soit conservée. Les chevaux sont ceux des animaux qui coûtent le moins à élever, surtout à la campagne». (journaux du 25 février 1836) Paul-Henri Hudon L’illustration Le Saint-Viatique, 1916, est de Edmond-Joseph Massicotte, illustrateur, dans David Karel, page 154.