Pour se donner la trouille, en ces lendemains d’Halloween… Voici des notes rédigées par Gisèle Guertin de Mont-Saint-Hilaire à partir de documents qu’elle a consultés. Elles concernent des moments de «grande noiceur» qui se sont abattus sur la région.
La grande noirceur de 1785 Une année dite de la grande noirceur est rapportée par Pierre-Georges Roy, archiviste et historien québécois. Une première phase de l’événement se passe le 15 octobre 1785 à une heure de l’après-midi et s’étend de Niagara à Québec. Le lendemain, dimanche, le phénomène se répète: grands vents, tonnerres et obscurité jettent à nouveau la consternation. Les gens se précipitent dans les églises et plusieurs se convertissent. À Montréal, on enjoint madame Deschambault, une octogénaire reconnue pour l’efficacité de sa prière, de se rendre à l’église Notre-Dame de Bonsecours de Montréal pour y intercéder le Tout-Puissant, et surprise! la prière n’est pas achevée que le soleil se remet à briller. Chaque intervalle d’obscurité était, dit-on, précédé et suivi de vent, de pluie et de tonnerre. On remarquait qu’il y avait deux courants d’air contraires dont le plus élevé poussait une étendue de nuages lumineux vers le nord-est et l’autre chassait du sud-ouest des nuages épais et de l’eau qui tombait aussi noire que de l’encre. On attribua le phénomène à des mines de soufre qui brûlaient dans quelques pays voisins. Cette obscurité qui s’est manifestée à trois reprises fit en sorte que l’année 1785 fut qualifiée d’année de la grande noirceur. (Pierre-Georges Roy, 1870-1953, archiviste et historien, Les petites choses de notre histoire) La grande noirceur de 1819 Celle-ci pendant la construction de l’église [de Saint-Charles]… Nos ancêtres assistent à un phénomène rare et terrifiant, qui les amène à qualifier l’année 1819, «année de la grande noirceur». Le 9 novembre 1819, des nuages noirs et menaçants s’accumulent dans le ciel. À midi, c’est nuit totale. Les animaux poussent des cris de terreur et courent se réfugier dans des abris. Bientôt c’est l’orage avec des coups de tonnerre qui ébranlent les maisons et une pluie diluvienne, noire comme de l’encre, ayant le goût et l’odeur de la suie. Les âmes superstitieuses croient à un avertissement du ciel et à une fin du monde prochaine. Éruption d’un volcan dans les Rocheuses? Feux de forêts très loin dans des régions inhabitées, malgré la saison tardive? On sait aujourd’hui que la fumée des feux de forêts ou des volcans peut s’élever jusque dans la stratosphère et y demeurer des mois avant de descendre dans l’atmosphère et retomber avec la pluie. Orage mémorable dont plusieurs générations perpétuèrent le souvenir et qu’il est intéressant de situer dans le passé, notre histoire. (Andrew Collard, The Gazette, le 11-06-1983) Gisèle Guertin Illustration: csabavero / www.sxc.hu Ce texte vous inspire des commentaires? Vous souhaitez émettre une suggestion? Merci de nous écrire.