Nul n’est prophète en son pays. Charles Dion (1828-1918), notre compatriote, avait exercé plusieurs métiers: instituteur au collège de Chambly, photographe novateur, honoré de deux prix en 1853 et en 1863. Il est reconnu surtout comme un inventeur éclectique et original.
Charles Dion, qui aurait étudié la médecine et la pharmacie pendant trois ans (vers 1850) chez le docteur Harding à Prescott, en Ontario, est qualifié d’artiste photographe en 1851 et 1857, (Charles-Gédéon Scheffer, 13 novembre 1857), de daguerréotypiste en 1860, (Lovell’s, 1860-1861), d’inventeur en 1877-78, (Lovell’s Directory, 1877-1878, page 380) et de physicien en 1882. (Registre de Saint-Joseph, 14 avril 1882). Dion aurait conçu un tricycle, un système de freinage pour les trains qui s’apprêtent à franchir un pont ouvert. (La Minerve, biographie non signée de Charles Dion, 5 juin 1874). (Robert Prévost, Mémorial des Canadiens français aux U.S.A., Septentrion, 2003, 249 pages). Il serait aussi l’inventeur de plusieurs autres trucs, une quarantaine, dit-on, dont un signal de banquise pour prévenir les navires de l’approche d’un iceberg. Vers 1866, Charles Dion, lourdement endetté, aurait quitté Montréal et on le retrouve à New York, où il aurait réussi à faire breveter son invention d’une sonnerie d’alarmes et à la commercialiser vers 1868 sous le nom de l’American Fire Detector Co. Il réside encore à New York en 1879. (La Minerve, 5 mars 1879). Il a ensuite habité Paris, à partir d’environ 1880, où il décède en 1918. (La Minerve, 18 octobre 1882; liste des Canadiens vivant à Paris). Dans la capitale française, il aurait été patenteux de microscopes; il y fait aussi des expériences sur l’électricité. Il a vécu (ou tenu laboratoire) à Paris pendant environ trente ans, où il traite la myopie. Sous le rapport artistique nous mentionnerons l’excellent atelier de photographie de notre ami C. Dion. Les portraits qui sortent des mains de M. Dion sont de véritables petits chefs d’œuvre sous tout rapport. Nous avons eu tout récemment occasion d’admirer une photographie à l’huile qui était exposée dans ses salons. En vérité, rien ne pouvait surpasser ce cadre. (L’Ordre, 16 décembre 1859). M. Dion (est) un beau vieillard de 80 ans, très affable, toujours heureux de parler de sa patrie ou de soutenir une thèse scientifique, toujours désireux en tous cas de se rendre utile à l’humanité… L’ingénieux instrument qui lui sert dans son institut, 191, rue de l’Université, à Paris, pour le traitement de la myopie a été breveté dans tous les pays du monde. Son effet dépasse tout ce qu’on pouvait espérer et constitue un des grands bienfaits pour soulager l’humanité. Malgré son grand âge, M. Dion a toujours conservé sa belle activité. Il est, croyons-nous, le doyen de la colonie canadienne à Paris et nous sommes heureux de lui rendre publiquement hommage. (La Canadienne, vol. 8, no 1, janvier 1910, page 574). Paul-Henri Hudon Sources: Le Courrier de Saint-Hyacinthe, 15 août 1904. L’Ordre, 16 décembre 1859. La Canadienne, janvier 1910.