Il y a cent ans, Joseph-Octave Dion décédait le dimanche, 23 février 1916, à l’âge de 78 ans, d’une syncope du coeur, selon le rapport du docteur Louis-Olivier Bergevin. Il avait établi sa demeure dans une petite maisonnette que le gouvernement fédéral lui avait fait construire à l’intérieur des murs du fort de Chambly. Célibataire, sans métier, sans fortune et sans héritiers, il laissait le souvenir d’un homme totalement engagé dans une cause patrimoniale et commémorative, la conservation des ruines du vieux fort de Chambly. On lui doit aussi l’érection en 1881 de la statue du major Charles-Michel de Salaberry, que l’on voit encore en 2016 devant la Mairie.
Si on voulait rappeler brièvement l’époque, nous dirions qu’il est le contemporain de lord Dufferin, occupé à faire restaurer les murs de la Citadelle de Québec, de Viollet-Leduc qui restaure, en France, à grands frais les monuments anciens (Notre-Dame de Paris, les murs de Carcassonne, etc). Tous inspirés par le célèbre abbé Grégoire qui s’était alarmé, pendant la Révolution française, de la destruction des monuments historiques de France. M. Dion avait causé à Chambly, en 1881 avec lord Monk, alors gouverneur général, et l’avait sensibilisé à la conservation du fort de pierre qui menaçait ruine. Joseph-Octave Dion avait lié des relations avec un milieu intellectuel de la ville de Bernay dans l’Eure, gens qui se préoccupaient avec un industriel français, Léon-Philippe Lemétayer-Masselin, des ressources archéologiques de cette région. Plusieurs autres réalisations témoignent de la passion patriotique de Joseph-Octave Dion, comme diverses plaques commémoratives, des chroniques occasionnelles dans La Minerve, la fondation d’un cercle des étudiants (nommé Cercle Saint-Louis), l’érection de la croix au lieu dit “La Bataille”, la collecte de pièces d’antiquités. Il avait été reconduit quelquefois “président de la Société Saint-Jean-Baptiste” locale et fut reconnu comme un fier propagandiste de l’histoire du fort. Sa contribution pédagogique lui valut la reconnaissance de la République française qui le décora en mai 1900 du titre honorable “d’Officier d’Académie”, avec le privilège de porter les “Palmes Académiques”. Les sociétés culturelles canadiennes, à l’époque, comme la Société historique de Montréal, l’Académie Royale canadienne, la Natural History Society of Montreal, se sont peu ou pas du tout préoccupé de la restauration du fort de Chambly Il est à regretter qu’aucun monument ne souligne sa défense du patrimoine. Aucune stèle dans le cimetière. Seule une plaque apposée dans la cafétéria de l’École Secondaire rappelle le souvenir de cet éducateur. Paul-Henri Hudon L’illustration provient des archives de la Société d’histoire de la seigneurie de Chambly, fonds Armand-Auclaire; Joseph-Octave Dion, vers 1900, portant les Palmes Académiques. Ce texte vous inspire des commentaires? Vous souhaitez émettre une suggestion? Merci de nous écrire.