Le Dr William Wilson (c1799- ), chirurgien, émigré d’Angleterre vers 1831, arrive à Chambly lors de l’épidémie de choléra en 1834. «En 1834, j’ai été engagé pour soigner les travailleurs sur le canal de Chambly, particulièrement dans la section nord. Sur cette partie, les travaux nécessitaient la présence de deux cents travailleurs. J’ai eu, parmi eux, parmi leurs femmes et leurs enfants, cinquante-quatre cas, dont plusieurs ont été mortels». C’est ce qu’il affirme devant les commissaires chargés d’enquêter sur les coûts excédentaires pour les travaux du canal de Chambly. (Rapport aux Commissaires du canal, Université McGill, microfiches, bibliothèque McLennan, no FC19 C36 91863).
Ce médecin anglais habite cette résidence au 2294, ave de Bourgogne. Il l’occupait en 1842 et se disait voisin de l’aubergiste, madame veuve Morissey. Il y réside encore lors du recensement de 1851. Mais il n’est plus présent à Chambly au recensement de 1861. William Wilson aurait-il abandonné la pratique médicale vers 1841? À partir de cette date et jusqu’à environ 1858, William Wilson est employé par les syndics, comme secrétaire, pour administrer le chemin à péage de Chambly-Longueuil. Vers 1850, ce chemin à barrières était passé aux mains d’une compagnie privée formée de William Wilson, de John Yule, résidents de Chambly, de Dampier (?), enfin de l’arpenteur John Ostell et de l’architecte Henri-Maurice Perrault, demeurant à Montréal (Michel Pratt, Dictionnaire historique de Longueuil, pages 95 et 370). Le docteur Wilson est à la fois gérant et propriétaire associé. Nous croyons qu’il continue la gestion à titre de salarié, tout en retirant sa part de bénéfices. Chez lui se tiennent les réunions des syndics, qui, plus tard, sont formées du lieutenant-colonel George Cathcart, de l’aventurier John Glen, de l’entrepreneur John Yule, du commerçant de bois Augustus Hatt, de l’hôtelier John Bunker, du marchand Louis Gareau, tous résidents de Chambly, et de John Swail, habitant de Longueuil (Basile Larocque, 7 septembre 1841). Wilson perçoit les revenus des trois postes de péage au nom des syndics sur ce “turnpike road”. Il doit aussi voir à l’entretien de ce chemin hiver et été, régler les griefs concernant l’égouttement et les clôtures de cette route, embaucher le personnel. À partir de 1858, ce seront les municipalités qui assureront l’entretien du chemin à péage, soit Chambly-Bassin et Longueuil. William Wilson est qualifié de bourgeois au recensement de 1851. Il quitte Chambly vers 1858-60. On le retrouve à Ottawa en 1867 où ils est «traducteur à la Chambre des communes». Son fils, aussi appelé médecin, sera également traducteur. William Wilson, fils, docteur en médecine, épousera Frances McDonnell, fille majeure de feu Charles McDonnell et d’Anna Turner, à l’église St. Stephen, le 22 octobre 1862. (Paul Bertrand, 21 octobre 1862). Fils majeur de William Wilson et d’Élisabeth Bayley, il était employé à l’Assemblée législative du Canada-Uni, demeurant au siège du gouvernement à la Ville de Québec. Bref, cette charmante maison de pierre au toit rouge témoigne d’une histoire particulière et d’un personnage singulier. Elle peut dater d’environ 1840. Saluez-la en passant. Paul-Henri Hudon Photo: collection de l’auteur