La bénédiction des semences pour les biens de la terre. Ce rituel paysan et religieux semble disparu de nos moeurs. Pourtant combien de nos ancêtres apportaient à l’église, confiants et dévots, quelques grains de semences, blés, pois, avoine, orge, patate, dans des petits sacs pour les faire bénir. Année après année. Malgré les mauvaises récoltes. En dépit des pertes par les vers, des gels hâtifs, des pluies dévastatrices ou des sécheresses mortelles. Espérant toujours que les grains bénits multiplieraient la protection divine sur l’ensemble des récoltes à venir.
L’Église convoquait les habitants – j’ai vu mon père dans les années cinquante faire ainsi sanctifier ses semences – à l’église pour une célébration particulièrement intéressée. L’office, appelé les Rogations (du latin rogatio, demande, sollicitation, prière), comportait «une procession à l’intérieur de l’église, avec la récitation des litanies répétées trois fois à la file. La quête de ce jour servait à faire dire des messes pour les biens de la terre». Une telle procession-prière pouvait se tenir à l’extérieur, si la température coopérait. Quoi qu’il en soit, ne connaissant rien des engrais chimiques, des pesticides, des herbicides modernes et des OGM, nos pères mettaient leur confiance dans les bienfaits du ciel, qui leur tombaient d’en haut comme la pluie. La Saint-Marc, le 25 avril, marquait le début du cycle économique agricole. Il se terminait à la Saint-Martin, le 11 novembre. On empruntait chez le marchand au printemps et on réglait les comptes l’automne. Sans oublier de verser la dîme au curé à la Saint-Michel, le 29 septembre. Paul-Henri Hudon Références- L’illustration est publiée dans Edmond-Joseph Massicotte, illustrateur, PUL, 2005, page 114. – Une procession à Chambly. Archives de la Société d’histoire de la seigneurie de Chambly. Fonds Pauline Casavant.- L’information est davantage détaillée dans le livre de Benoit Lacroix, La foi de mon père, la religion de ma mère, page 141.