On croit spontanément que tout roulait sur l’huile, autrefois, dans nos petites écoles rurales, que les élèves étaient polis, obéissants, studieux, que les instituteurs étaient patients, dévoués et vertueux, que seuls les administrateurs étaient fainéants, incultes et éteignoirs. Pourtant des parcelles d’archives nous révèlent une toute autre réalité dans certains milieux. Non, la droiture et la discipline n’étaient pas toujours la particularité du monde scolaire.
Séraphine Lalande, de St-Mathias, est orpheline de feu Antoine Lalande, son père, et de feue Angélique Daigle, sa mère. Elle est mineure. On l’envoie à l’école de son district à St-Mathias. Or, on apprend «qu’elle sera retirée de l’école où elle est pour se faire instruire, parce qu’elle a peu de goût qu’elle montre à s’instruire, vu sa dissipation». (Notaire Paul Bertrand, acte 3899, 25 septembre 1842). L’école lui est insupportable! Encore à St-Mathias, «les syndics d’école, Timothée Franchère, Jean-Baptiste Demers, Eustache Soupras, Étienne Bertrand et Paul Benoit, expédient une sommation à Jean-Baptiste Laguë, aubergiste, propriétaire d’une des écoles de la paroisse de St-Mathias, et à Gabriel Salières, instituteur dans la dite école, ordonnant que cette école cesse et discontinue pour le semestre expiré; et font défense à l’avenir de continuer l’école… pour les raisons à eux connues». (Paul Bertrand, 15 mai 1830). Gabriel Salières avait épousé Marguerite Ménard à Chambly, le 16 février 1819. Il serait originaire de Carcassonne en Aude, arrivé à Chambly en 1813 avec le régiment suisse de Meuron. On ne saura jamais les raisons de cette fermeture. Peut-on soupçonner l’alcoolisme? la brutalité? l’absentéisme? C’est un échec. Robert Valcourt, époux de Justine Jubert, se retrouve instituteur à Chambly. (Registre de St-Joseph, 24 novembre 1837). On le sait mêlé aux évènements de 1837, puis en 1871, on découvre un Robert Valcourt, qualifié de mendiant, originaire de France, âgé de 80 ans, lors du recensement à Notre-Dame-de-Bonsecours. Une déchéance! «Par le départ de M. Grammont du collège de Chambly, une classe de français très considérable se trouve sans maître…» (Archives du diocèse de St-Jean, lettre de M. Giroux à Mgr, 13 février 1832). On retrouve cet instituteur au collège de L’Assomption: Jean Grammont, belge d’origine et professeur au collège de L’Assomption de 1834 au printemps de 1836, en attendant mieux, est méprisé des élèves pour sa malpropreté et suspect à ses supérieurs pour ses idées philosophiques. Il quitte la maison avant d’avoir pu prendre autorité sur les écoliers». (Histoire du Collège de L’Assomption, p. 149). Intolérable. Nuançons. Bien sûr, des centaines d’excellents instituteurs et maîtresses d’école ont oeuvré contre l’ignorance. Nous y reviendrons, en soulignant quelques belles personnalités. Il y a eu aussi dans l’univers médical, des médecins de haute dignité, mais également des moins respectables. À suivre. Paul-Henri Hudon Illustration: Archives de la Société d’histoire, Fonds Fernande Pelletier-St-Jean. Groupe d’élèves à Chambly-Canton en 1914. Ce texte vous inspire des commentaires? Vous souhaitez émettre une suggestion? Merci de nous écrire.