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L’enfant de trop, l’enfant trouvé, l’enfant abandonné

By 10/04/2019May 9th, 2019No Comments

L’historien du Moyen Âge, Philippe Ariès, écrit que «la mort d’un petit enfant était en général tenue pour beaucoup moins grave que celle d’un cochon ou d’un cheval». On a peine à admettre au XXe siècle une telle attitude, qui condamnerait les parents à une sévère sentence. Pourtant, nous trouvons à Chambly des situations d’abandon d’enfant et même d’infanticide. Et ce n’est pas au Moyen Âge. Voici quatre cas:

– On a inhumé à Saint-Joseph «un enfant trouvé, âgé de quatre mois», le 5 juin 1776.   – Le 4 et le 24 juillet 1803 furent inhumés à Saint-Joseph «deux enfants trouvés : le corps d’un enfant âgé d’environ six mois, l’autre de trois mois environ, apportés dans l’église et dont on n’a pu savoir les noms, ni ceux de leurs parents».   – «A été baptisé par nous, à Chambly, Joseph-David-Édouard Grégoire, âgé d’à peu près quinze jours et né probablement aux États-Unis de parents inconnus. L’enfant a été déposé au milieu de la nuit dans une maison déserte de cette paroisse. Parrain Siméon Barsalou; marraine, Geneviève Champagne. (Registre, 30 avril 1875). Cet enfant «oublié» sera inhumé en juillet 1875. (Registre, 7 juillet 1875). – «Nous avons inhumé dans le cimetière le corps d’une petite fille, âgée de trois mois environ, trouvée dans le bassin de Chambly et qui a été noyée, d’après le coroner.» (Registre, 15 avril 1891).  Selon la formulation au registre, il s’agit vraisemblablement d’un infanticide, confirmé par le coroner:  «Le député coroner de Chambly a tenu une enquête, le 21, sur le corps d’une enfant trouvée noyée près de l’île Meunier, à environ deux milles de ce village (Chambly). Cette enfant est âgée d’environ deux mois et du sexe féminin, bien vêtue, longue robe de flanelle blanche, jupon en flanelle grise et très bien fait, chemise en toile fine avec broderies. Par ses habits, on est porté à croire qu’il devait appartenir à des parents assez riches. On a dû jeter cet enfant à l’eau, (nul doute que c’est un cas d’infanticide), dans le cours de l’hiver, car déjà elle était dans un état de décomposition avancé, malgré le temps froid que nous avons eu. D’où vient-elle? Mystère!». (Le Franco-Canadien, 30 avril 1891). Ça alors! Ce que l’histoire peut nous révéler de secret! Il n’y a pas que dans le Paris de Vincent de Paul où l’on recueillait des enfants sur les perrons d’église ! À Chambly aussi. Paul-Henri Hudon Sources: Les registres de la paroisse Saint-Joseph-de-Chambly. Illustrations: Les enfants trouvés, dans L’Opinion Publique, 29 juin 1882.       Ce texte vous inspire des commentaires? Vous souhaitez émettre une suggestion? Merci de nous écrire.