Dès 1815, les habitants des rangs de la Savane, des Cinquante-quatre et du Bord de l’eau désirent se séparer de la paroisse de Saint-Mathias. Ils se plaignent que l’église et le cimetière sont trop petits, trop éloignés. À maintes reprises, ils évoquent la méchanceté des chemins qui les empêche d’assister à la messe au printemps et à l’automne et la difficulté pour les enfants d’aller au catéchisme. De plus, les droits de péage exigés pour emprunter le pont Bernard, qui enjambe la rivière des Hurons, leur causent un grand mécontentement.
Le 26 décembre 1854, Jean-Charles Prince, premier évêque de Saint-Hyacinthe, écrit au curé Brien de Saint-Mathias: Une députation de vos paroissiens de la Savane est venue me rencontrer… pour m’offrir de la part de Mr Yule environ quatre arpents de son terrain en face du pont si je voulais leur permettre de bâtir une église… Ce lieu cause un très grand sujet de regrets parce que situé en face d’une auberge. Dès le 27 février 1855, Mgr Prince convoque une assemblée de tous les intéressés et il fait l’annonce suivante: Je me transporterai à Saint-Mathias aux fins de choisir au Village de Richelieu un terrain convenable pour bâtir une église succursale. On lui remet la liste des noms des soixante-treize propriétaires favorables à la construction de l’église et prêts à en partager les coûts. Monseigneur Prince donne enfin la permission d’ériger le nouveau temple sur un autre lot de deux arpents de front sur le chemin de la Reine. Ce terrain appartient au dernier seigneur de la seigneurie de Chambly-Est, John Yule, anglican et riche propriétaire terrien. Le contrat de donation à la Corporation épiscopale est signé le 12 juillet 1855, à Chambly, devant maître Paul Bertrand. Une des conditions posées par l’évêque est l’engagement des fidèles à une contribution volontaire pour la construction de l’église. La construction Les plans sont l’œuvre de Victor Bourgeau, architecte de renom, concepteur entre autres de la basilique Notre-Dame de Montréal. La construction de l’église débute en juin 1857 et la supervision du chantier est confiée à Norbert Damase Daniel Bessette. Ce résident du village de Richelieu, écuyer et marchand, deviendra notaire. La pierre est tirée de la carrière de Solyme Ostiguy. Félix Foisy, Auguste et Joseph Demers accordent un droit de passage aux charroyeurs afin de transporter la pierre durant la saison hivernale. L’église emprunte le style du régime français caractérisé par un toit de tôle à pente raide à deux versants, des avant-toits en larmiers bordés de corbeaux ouvragés, des murs en moellons et une niche sur la façade. La bénédiction des travaux Le 24 mai 1859, Monseigneur Prince vient bénir les travaux. Il dépose dans la maçonnerie du coin sud-ouest, à cinq pieds du sol, une fiole cachetée à la cire renfermant un parchemin écrit de sa main, une page d’un journal daté du 24 mai et quelques pièces de monnaie. La fiole est placée dans une boite de fer blanc hermétiquement soudée. La nouvelle église est bénie le 5 juin 1860. Jusqu’en 1868, Sévère-Césaire Hotte est le prêtre desservant. Durant ces huit années, l’église demeure un «lieu de pèlerinage». La paroisse Le 5 septembre 1868, Monseigneur Charles Larocque proclame le décret canonique inaugurant la nouvelle paroisse de Notre-Dame-de-Bonsecours. C’est dans un temple extérieurement beau, mais inachevé à l’intérieur, sans voûte, aux murs blanchis à la chaux que sera célébré l’événement. On observe un décor riche de fresques et de statues. Le plancher est en lattes de bois. La Vierge portant l’Enfant Jésus trône au-dessus de l’autel abondamment décoré. Deux statues sont installées au-dessus des portes qui mènent à la sacristie et la chaire attend le prédicateur. En octobre 1868, Antoine Damase Limoges devient le premier curé. La paroisse ouvre ses propres registres. Le premier conseil de marguillers, élu le 14 mars 1869, se compose de Antoine Ménard, Solyme Ostiguy et Joseph Bessette. Sous la présidence du nouveau curé Joseph Prosper Dupuy, le conseil demande que les titres de propriétés soient transférés de la Corporation épiscopale à la fabrique de Notre-Dame-de-Bonsecours. Le village de Richelieu a été reconnu civilement le 1er janvier 1869 et la municipalité de Notre-Dame-de-Bon-Secours (secteur rural), le 15 février 1869. Les autres bâtiments Le conseil de la Fabrique acquiert un terrain d’environ vingt arpents appartenant à Joseph Donat Davignon, pour 600 piastres dans le but de construire un presbytère et des dépendances tels que poulailler et écurie. Le contrat, donné à Louis Demers de Richelieu est exécuté en 1870 pour un montant de 5700 $. La sacristie est ajoutée en 1888 et la maison du bedeau en 1890. En 1902, des remises pour chevaux à l’usage des paroissiens sont construites à l’arrière de la maison du bedeau; elles sont démolies en 1955 pour agrandir le cimetière. Une partie de la maison du bedeau sert de salle des habitants. Pendant plusieurs décennies, la municipalité de Notre-Dame-de-Bon-Secours y tient ses assemblées. Le cimetière Le cimetière est inauguré au printemps 1860. Cependant, dès 1858, à peine les fondations de l’église achevées, on enterre plusieurs morts sous l’édifice; quelques-uns y demeurent inhumés, d’autres sont déposés dans la cave et ensevelis au cimetière au printemps. À Richelieu, on relève le nom de quatre-vingt-six sépultures dans le sous-sol de l’église entre 1858 et 1911. Le mausolée En reconnaissance d’une souscription organisée par Adelphine Bathilde Soupras en faveur du cimetière en 1858, l’évêque de Saint-Hyacinthe autorise cette dernière à construire un mausolée pour y ensevelir son premier mari, Joseph-Frédéric Allard, seigneur de Foucault et de Noyan, lieutenant-colonel de la milice, décédé à Chambly, le 17 janvier 1856. La veuve Allard est inhumée à Richelieu, le 17 avril 1893. À leur décès, les enfants du couple et plusieurs descendants des familles Allard et de Salaberry ont également été déposés dans le mausolée, dont Louise-Joséphine Allard et son mari Charles-René-Léonide de Salaberry; ce dernier le 17 mai 1882. Le calvaire Le calvaire actuel est offert en 1964 par Lucille Choquette et son époux Henri-Charles Panet, résidents de Richelieu. La croix et les personnages en aluminium, fabriqués à la fonderie d’art Vandewoode de Ville Jacques-Cartier, reposent sur une assise en béton. Ce calvaire remplace l’ancien qui avait été restauré à l’été 1921, grâce à la générosité de la fabrique de Sainte-Angèle-de-Monnoir. Extrait du circuit patrimonial de la ville de Richelieu Photos: – Presbytère à Richelieu avant 1959. Collection André Fortier. – Église de Richelieu avant 1929. Collection André Fortier. Ce texte vous inspire des commentaires? Vous souhaitez émettre une suggestion? Merci de nous écrire.