Ô temps, ô moeurs ! Que dirait Cicéron aujourd’hui, lui qui condamnait les moeurs des Romains de son temps ? En tout cas, sainte Brigitte n’y va pas avec le dos de la cuillère pour les personnes aux moeurs dissolues. J’ai lu dans un journal canadien de 1926 cette stupéfiante insertion. Je vous la livre sans commentaire, vous rappelant les sermons d’une époque révolue:
«TOILETTES ET DANSEUSES BRULERONT. Dans une extase, sainte Brigitte fut transportée au purgatoire. On lui montra une jeune fille mondaine qui lui dit: Cette tête qui se plaisait dans les parures pour attirer les regards, elle est dévorée par en-dedans et au-dehors par des flammes si cuisantes qu’il me semble que toute la colère divine est déchainée contre elle. Ces bras, ces épaules que j’aimais à exposer aux regards dans les soirées mondaines, sont sans cesse mordus par les vipères qui distillent une bave nauséabonde et rongeuse. Ces pieds si légers à la danse, sont étreints dans des bottines de fer brulant. Tous ces colliers, ces fleurs, ces bijoux dont je me chargeais, me sont aujourd’hui des instruments de torture atroces qui tiennent de l’ardeur du feu et des rigueurs de la glace…» «Oh ! Que ma mère fut coupable à mon égard, ajoute-t-elle, en poussant de lugubres gémissements. Son amour, plus cruel que la haine, attisait mon goût des plaisirs, des parures et des folles dépenses. Les quelques petites charités et actes de dévotion qu’elle me faisait faire après m’avoir menée aux théâtres, bals, soirées, festins, ne m’auraient point sauvée de la damnation éternelle, si la miséricorde de ma très aimante Mère du ciel ne m’avait obtenu la grâce d’une sincère contrition. Mais n’ayant pas eu le temps de faire pénitence, j’ai été condamnée à un fort long et cruel purgatoire. Ô sainte Mère, ayez pitié de moi et priez pour moi.» Le Canada-Français, 11 février 1926. Paul-Henri Hudon Ce texte vous inspire des commentaires? Vous souhaitez émettre une suggestion? Merci de nous écrire.