La petite rue Ostiguy, au cœur du Vieux-Chambly, héberge quelques commerces sympathiques. Elle doit son nom à Joseph Ostiguy, conseiller municipal et maire de Chambly-Bassin (1884-1889). La famille Ostiguy dit Domingue, origine de la Pointe Olivier (Saint-Mathias). En octobre 1754, est célébré le mariage de l’ancêtre, Dominique, et de Marguerite Parent. Joseph, (1831-1893), un de leurs nombreux arrière-petits-fils, épouse Émilie Dignarda dit Saint-Germain, à Chambly, en 1860. Le couple aura 13 enfants, dont trois marcheront dans les traces du père et seront commerçants; trois autres deviendront médecins.
Parmi ces derniers, Charles-Éphrem Ostiguy sera médecin attitré au Séminaire de Valleyfield et deviendra maire de cette ville. Ne négligeant pas son devoir religieux, le marchand Joseph Ostiguy est marguillier en charge de la paroisse de Saint-Joseph-de-Chambly en 1891. Il meurt le 22 mai 1893. Le 25 mai, jour de ses funérailles, un nombre impressionnant de personnes, venues d’aussi loin que Montréal ou Valleyfield, apposent leur signature sur le registre paroissial. Il est inhumé dans le cimetière où se trouve toujours le monument de sa famille. En 1862 Joseph achète un emplacement situé entre le bassin et la rue Bourgogne (lot 127 du cadastre de 1868), au coeur de Chambly. Il installe sur ce lot son magasin général et sa résidence dans un édifice en pierre à un étage; celui où se trouve aujourd’hui l’actuelle bibliothèque municipale. Sur ce même emplacement, s’élève également un immeuble où loge le Journal de Chambly, et une petite maison ancienne abritant le restaurant Bonthé Divine. La première centrale téléphonique de Chambly, installée dans cette petite demeure, relève de l’initiative de cette famille Ostiguy. Autrefois, un ruisseau longeait le terrain des Ostiguy, c’est aujourd’hui la rue Fréchette. Cette rue comprend d’autres bâtiments patrimoniaux. La terre de Joseph Ostiguy sera subdivisée en 1907 en cinq lots, et appartiendront à ses fils Georges-Henri, Alexandre et Louis. Joseph Ostiguy a été propriétaire de plusieurs autres terres à Chambly au fil du temps. Une flèche de lard en guise d’écritoire! En 1887, John Knox, un visiteur américain, s’arrête un jour au magasin de Joseph Ostiguy. Il raconte son expérience. Le télégraphiste est aussi le maître de poste tout en tenant le magasin du village. Il s’exprime aussi bien en français qu’en anglais, en vous vendant une cannette de poudre à pâte et un timbre-poste ou une bouteille de whisky et un rasoir. Si vous le désirez, il ajoutera une liasse de formules de télégramme à chaque article que vous achèterez. Un important arrivage de haricots verts et de manches de haches qu’il venait de recevoir encombrait le bureau du télégraphe, ainsi que la cour. Il s’excusa et me permit gentiment de m’asseoir sur un sac de farine et d’écrire mon télégramme sur une flèche de lard. Le bureau de poste était fermé mais, avec un tournevis, il força l’ouverture de la boîte quand je lui remis une lettre qu’il glissa à l’intérieur. Cet extrait est tiré de: John Armoy Knox, Croisière d’un Américain, Du lac Champlain à L’Acadie (été 1887), Collection V, Septentrion, Québec 2008. Raymond Ostiguy et Louise Chevrier