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Traverser le Richelieu, quand il n’y avait pas de pont

By 10/04/2019May 9th, 2019No Comments

Le premier pont qui enjambe le Richelieu à Chambly date de 1846. Avant il fallait traverser sur des chaloupes à rame ou sur des bacs mus par des chevaux, des horse-boats. Le pont Yule a éliminé la traverse qui se trouvait sur le bassin. Quelques entrepreneurs locaux mettaient à la disposition des voyageurs leur terrain et leurs traversiers. Les aubergistes entre autres y trouvaient double profit, en hébergeant ces routiers.

Ce fut le cas de deux concurrents, François Papineau de Saint-Mathias et de Pierre-Paul Massé de Chambly, tous deux aubergistes. Leur service de traversier se trouvait à la pointe nord de l’ile Goyer. Au lieu de se faire compétition, ils décident un jour de s’associer: «Ils veulent s’unir pour tenir les deux traverses en une seule. Chaque partie, écrit le notaire, fournit son bac et des rames. Les bacs serviront alternativement ou ensemble lorsque le besoin l’exige. Chaque partie fournira un homme à ses frais pour traverser. Pour loger ces hommes, il sera fait en commun une petite maison sur un terrain fourni par Papineau. Massé fournira à Papineau le droit de passer au bout de ses prairies.»    «Le côté où descendront les voitures, qui sera au bout du chemin de descente, sera entretenu en commun».    «Les bacs seront au bas de la côte; les traversiers ne débarqueront et n’embarqueront les voitures et les passagers qu’à la côte susdite».    «L’argent des traverses sera retiré pendant la semaine. Tous les samedis, les parties se rendront réciproquement compte du produit et il sera divisé entre eux également».   «Les deux parties conviennent de s’opposer ensemble à quelques personnes qui voudrait établir une traverse en haut, en bas, ou près des leurs». (notaire Médard Pétrimoulx, 19 février 1817). Peut-on imaginer aujourd’hui, alors que l’automobile nous transporte en un temps éclair de part et d’autre du Richelieu, combien il fallait être patient et téméraire autrefois. Attendre le bac. Descendre la monture et la voiture dans l’écore abrupt de la rivière. Patauger dans la boue du rivage. Maitriser le cheval apeuré. Risquer une embardée subite. Braver les vents et la houle. Rester en équilibre sur ce radeau branlant. Ouf !   De nos jours, l’automobile nous fait oublier qu’on enjambe une rivière. On n’a pas même le temps de la voir. Alors qu’autrefois, le voyageur devait pester contre ces embarrassants cours d’eau, causes d’embêtements.   On comprend que nos ancêtres avaient hâte que la glace prenne sur les rivières L’illustration provient des archives de la SHSC, Vers 1905. Le traversier de la famille Ward sur le Richelieu. Fonds Charles-Henri-Panet. Paul-Henri Hudon Ce texte vous inspire des commentaires? Vous souhaitez émettre une suggestion? Merci de nous écrire.