On la trouve gravée dans la pierre de la façade à l’extérieur et à gauche de l’entrée centrale de l’église Saint-Joseph. C’est une inscription en chiffres romains, datant d’environ 1905, qu’on lit ainsi:
C B o M MCCCXXXVII De quoi s’agit-il? Des observateurs ont pu croire qu’il s’agissait d’une date inscrite sur la pierre de fondation, la première pierre, ou la pierre “angulaire”, lors de la construction en 1881 de cette église. Mais il n’en n’est rien. Non. Il ne s’agit pas non plus d’une signature de quelque groupe franc-maçon. Ni des architectes Victor Bourgeau et Louis Leprohon, artisans de cette construction. Ni le chiffre de l’entrepreneur François Archambault. Non, ce n’est pas un mystérieux signe cabalistique, non plus. Rien qui remonte au moyen-âge, ni aux Templiers. Aucun message qui ressemble au code Da Vinci. Et il n’y a pas de trésor caché dans cette pierre. Alors? Ces hiéroglyphes, c’est quoi? C’est un repère géodésique. C’est un point géométrique indiquant qu’à cet endroit a été inscrit le niveau d’altitude au dessus du niveau de la mer. Vers les années 1900, le gouvernement fédéral a produit dans la région des levées permettant le nivellement comparatif de certains lieux. Chaque lieu ainsi choisi permet une comparaison fondamentale arbitraire avec le niveau moyen de la mer sur l’Atlantique, mesure prise en face de New York. Ainsi nous savons que le repère inscrit sur la façade en pierre de l’église Saint-Blaise de la Grande-Ligne porte le code DCIX, pour une altitude de 141.09. Sur le mur latéral sud de l’église de Saint-Valentin entre la 3e et la 4e fenêtre nous lisons: DCV. L’altitude indiquée est 157.44. Celui sur le mur en courbe de l’écluse no 1 du canal à St-Jean est repérable sous la cote DXCVII (96.45). Chacun lieu indiquant une altitude révélée par les instruments de l’époque. Le gouvernement a publié dans le Rapport du ministère des Travaux publics le «Tableau des altitudes» quant à plusieurs points de repère. Celui de Chambly n’a pas été publié Bon. Ici, l’historien se tait. Il laisse aux ingénieurs et aux arpenteurs le soin de nous éclairer sur l’usage de tels indices de hauteur. Servent-ils encore à l’ère des satellites et des GPS ? Mais l’historien se questionne sur la fiabilité de telles mesures altimétriques, sachant que le mouvement des plaques tectoniques sur le magma terrestre peut fausser les évaluations. Ainsi, il y a 80 000 ans, notre sol du Bouclier laurentien était sous le niveau de l’océan, enfoui sous un poids gigantesque de 5 000 mètres de glace. Depuis le plancher s’est relevé, chassant l’eau salée… Peut-il encore se redresser? Et si jamais le plancher s’affaissait à nouveau, que l’Atlantique nous retournerait ses morues et ses phoques, que le Saint-Laurent renverserait son cours, que le Richelieu dégorgerait dans le lac Champlain en noyant toute la plaine… Hein? Il y a bien des îles qui naissent dans l’océan et des atolls qui s’enfouissent! Le croute terrestre se déforme. De plus est-ce que le champ gravimétrique de notre planète, apte à subir le hautes marées, n’est pas sensible aux erreurs de calcul? Cessons de faire peur au monde! Cette inscription est âgée de 110 ans! A-t-on pensé plutôt qu’il peut s’agir d’une intéressante étape à découvrir pour coureurs de rallye historique? Paul-Henri Hudon Source: Documents de la Session 1907-1908, ministère des Travaux publics, vol XLII, no 9 pages 32 et suivantes: Tableau des altitudes. Ce texte vous inspire des commentaires? Vous souhaitez émettre une suggestion? Merci de nous écrire.