Skip to main content

À la recherche du moulin perdu

By 10/04/2019May 9th, 2019No Comments

Les moulins à farine de nos ancêtres ont été des lieux publics. Ils ont fourni des occasions de rencontre aux habitants venant des quatre horizons. Là, ils placotaient, ils bavardaient de température et des récoltes, de la fille à marier, du cousin parti aux pays d’en haut, de l’ainé de la famille à qui on se donnera en fin de vie. On causait politique en attendant la fin de la mouture. Puis on retournait à la maison, dans le vent d’hiver, apportant la farine, la fine fleur que le maitre-meunier avait précieusement tamisé.

Précisons qu’il ne reste rien de visible des quinze moulins à farine qui ont existé dans notre seigneurie de Chambly. Plus rien, sauf des fondations rares, enterrées ou inondées. Mais, encore là, faut-il les retrouver, les déterrer, les mesurer. Or, voici que trois amoureux du patrimoine, Raynald Cornelier, Réal Loiselle et Julien Authier, trois résidents de Richelieu, se sont donné pour tâche de localiser dans les hauts fonds de la rivière Richelieu, les ruines du moulin du seigneur Melchior Hertel de Rouville. Une minoterie datant de 1814, mue par les pouvoirs d’eau du fort courant qui passe à cet endroit. Imaginez «un moulin neuf en pierre de cinquante et un (51) pieds de long sur trente-sept (37) de large de dehors en dehors, sur trente (30) pieds environ de hauteur d’une pierre à l’autre, formant trois étages et qui contient quatre moulanges complets à farine avec ses meules et roues et un bluteau complet aussi marchant par eau, et dont la digue a cinq (5) arpents de long sur six (6) pieds de large contre le moulin. Au milieu de la damme, elle porte huit (8) pieds de haut et à la tête de la damme elle a quatre (4) pieds de haut». C’est ainsi que le notaire Boileau le décrit. Un arpent équivaut à 180 pieds. Ainsi le bief d’amené d’eau de 5 arpents mesure près de 300 mètres de longueur. Sans doute parallèle à la rive droite du Richelieu. Impressionnant quand même! Nos archéologues sous marins, passionnés par cette découverte, n’ont pas hésité à se mouiller jusqu’à la ceinture dans l’eau tumultueuse et froide de novembre pour bien localiser ces artefacts. Paul-Henri Hudon Source: Le temps des meuniers, par Carole Fisette, Marielle Demers, Raymond Ostiguy, Paul-Henri Hudon, pages 49 à 56, dans Les cahiers de la seigneurie, no 38, septembre 2014. Illustration, Carole Fisette. Photographie prise en novembre 2014 dans le Richelieu à la hauteur du 2484, chemin des Patriotes. On y voit Raynald Cornelier et Carole Fisette, mesurant un corps-mort ancré dans la rivière. Ce texte vous inspire des commentaires? Vous souhaitez émettre une suggestion? Merci de nous écrire.