Notre folklore politique, ces élections gagnées à coup de pots de vin, ça ne date pas d’hier. Au siècle dernier, à Chambly, les notables du lieu, comme l’industriel Samuel Thomas Willett y vont de leurs aumônes, des liquidités, veux dire. Sans parler des intimidations, des menaces et des corruptions de toute nature. M Amable Jodoin aurait retenu d’avance des hôtels de Chambly et payé grassement.[1] M. Samuel Thomas Willett de Chambly est appelé à témoigner. Il avoue: J’ai voté à la dernière élection. J’ai travaillé à cette élection. J’ai employé mon influence. J’ai payé mes propres dépenses. Alfred Dubuc, charretier de Chambly, a travaillé à l’élection. Il a demandé 100 $ pour ses services. M. Augustin-Pierre Jodoin, maire de Longueuil, frère du candidat, dit que l’élection lui a coûté entre 9 000 et 10 000 $, dont 100 $ donné à Dubuc. Il n’a rien donné à Willett.[2]
Des hôteliers de Chambly, Joseph Chauret et le nommé Loiseau auraient reçu 200 $. On ne doit pas être surpris de voir que la majorité ordinaire de M. Benoit (150) ait été réduite à 44, quand on songe qu’il a eu à combattre M. Joly, M McKenzie (Canal de Chambly), la fonderie de Longueuil, la fabrique de M. Willett et le chemin de fer de Chambly, dont M. Willett est président.Promesses, intimidations, menaces, corruptions tout a été mis en oeuvre pour faire perdre M. Benoit. Loin des influences ci-dessus, M. Benoit a vu accroître ses majorités parmi les électeurs indépendants. Nous sommes surpris même que notre ami (Pierre-Basile Benoit) ait été élu en face de semblables influences exercées par les adversaires habitués de se mettre au-dessus de la loi. Nos félicitations à notre ami, M. Benoit, pour le glorieux succès de sa septième élection depuis 1867.[3] À telle enseigne qu’il faut s’en laver les mains : M. Berthiaume, le candidat des essuie-mains, s’opposera à Pierre-Basile Benoit.[4] [1]La Minerve, 17 janvier 1874 [2]La Minerve: 20 juillet 1875 [3]La Minerve, 17 septembre 1878 [4]La Minerve, 17 juin 1882