Chambly a été fondée en 1665 par des soldats devenus agriculteurs. Des soldats colons, des soldats défricheurs. Ils laissaient le fusil pour la hache. Ou ils reprenaient la charrue après avoir repoussé une attaque indienne. On le sait.
Lors de la guerre de 1914-1918, on s’est demandé quoi faire des soldats blessés. On est donc revenu à cette vieille idée de recycler dans les fruits et légumes ceux qu’on avait envoyés dans les tranchées. Une association de Montréal, appelée Ligue Khaki et qui s’occupe des soldats revenus du front, souhaite pour eux un retour à la terre. «Que ce soit le commencement d’un mouvement dans tout le Dominion pour l’établissement sur des terres des soldats qui ont combattu pour la défense de l’Empire». Elle rêve de faire «le premier pas dans l’encouragement de la culture maraichère à Montréal». «La plupart des militaires qui se trouvaient à la gare sont en convalescence sous les soins de l’institution des Soeurs Grises, de l’institution de la rue McTavish et celle du Square Belmont». On leur fait donc visiter l’école d’agriculture de Saint-Anne de Bellevue, le collège Macdonald. On peut voir là un double avantage. Donner aux “poilus” le goût de la débrouille et laisser des lits pour les futurs arrivages de soldats blessés. Le journal La Presse, au printemps 1917, appuiera ce projet d’en faire des agriculteurs. Un retour à la terre, écrit-on. Pour faire de la culture intense. Des potagers sur des terrains vagues. De la culture maraichère pour suppléer aux besoins alimentaires. Occuper les espaces laissés en friche. Et que le mouvement s’étende dans la Province. Bien sûr, un bon nombre d’hommes publics encouragent l’initiative. Solution heureuse et facile, proche de la pensée magique. Qu’en a t-il été à Chambly? A-t-on occupé des terrains vagues? Des vétérans se sont-ils établis sur des fermes? Une étude reste à faire sur cette période. Je mentionnerai cependant que quelques anciens combattants de 14-18 ont été employés dans les entreprises locales, comme Gustave Demey à la Centrale hydroélectrique. On connait aussi Arthur Désormeaux, Rodolphe Lecompte et Zotique Potvin devenus éclusiers au canal de Chambly. La réinsertion des vétérans de la Première Guerre mondiale dans notre région est une histoire encore méconnue. Que voilà un beau sujet de recherche pour des historiens. Paul-Henri Hudon Source, La Presse, 22 février 1917.Références: Chambly-Carignan, un choix des anciens combattants, par Germaine Lalonde, dans Les Cahiers de la seigneurie de Chambly, no 22, avril 1998. Ce texte vous inspire des commentaires? Vous souhaitez émettre une suggestion? Merci de nous écrire.