Nous nous étions intéressés d’abord à Timothée Franchère, qui fut un marchand prospère à Saint-Mathias-sur-Richelieu. Puis à toute cette famille bourgeoise, qui s’est illustrée dans le commerce et la politique. Nous livrons aux lecteurs un portrait de famille des Franchère que nous avons fréquentés dans les archives. Surtout de ceux de la vallée du Richelieu. Nous soulignons seulement que le célèbre voyageur, Gabriel Franchère, et le non moins réputé artiste Joseph-Charles Franchère sont des cousins de cette famille. Notons aussi que le village nommé Sainte-Marie ou Sainte-Marie-de-Monnoir, dans ce texte désigne aujourd’hui Marieville et la région. Timothée Franchère (1791-1849), marchand à Saint-Mathias et patriote actif, s’est engagé dans le développement de Saint-Mathias dans tous les domaines, tant commerciaux que scolaires ou politiques. Il profite de la prospérité des années 1815 à 1830, mais ne paraît pas avoir trop souffert de la récession des années 40. À sa mort, il laisse un actif impressionnant. Par ailleurs, alors qu’ils partagent avec Eustache Soupras un marché de campagne relativement limité, les frères Franchère et Eustache Soupras ne se livrent pas à une concurrence déloyale. Quoiqu’ils soient compétiteurs dans le négoce, ils sont des collaborateurs dans les projets de développement. Franchère est associé en 1820 avec Eustache Soupras, négociant de Saint-Mathias, et plusieurs autres marchands et seigneurs de la vallée du Richelieu dans la construction du bateau à vapeur De Salaberry (Joseph Demers, 30 octobre 1820). Il est aussi partenaire actif avec plusieurs personnes dans l’achat du bateau à vapeur Le Richelieu (Louis Chicou-Duvert, 16 avril 1825). Non seulement, il s’implique dans le transport et le commerce sur la rivière Richelieu, mais Timothée Franchère s’engage activement dans la construction du canal de Chambly. Il est commissaire pour le canal de 1831 jusqu’en 1843 (La Minerve, 21 avril 1831; Basile Larocque, 9 février 1833; 20 avril 1843). Les autres commissaires sont Samuel Hatt, seigneur de Chambly, René Boileau, notaire de Chambly, William McRae, marchand de Saint-Jean et Eustache Soupras, négociant de Saint-Mathias. Officier rapporteur à l’élection du 2 octobre 1830 dans Rouville (La Minerve, 23 septembre 1830), Franchère est aussi capitaine de milice (Registre de Sainte-Marie, le 28 août 1836), et il fut le premier maire à Saint-Mathias, élu le 31 juillet 1845. Il est syndic élu, de même qu’Eustache Soupras, pour l’administration des écoles (Paul Bertrand, 30 juin 1830; 9 juin 1834). Patriote actif, il dut s’exiler aux États-Unis le 17 novembre 1837. Les autorités militaires offraient cent livres pour l’arrestation de Timothée Franchère; il est incarcéré le 7 janvier 1838. Plus tard, il réclamera des autorités la somme de 1 300 livres pour les pertes subies à l’époque des Troubles. Il aurait reçu 837 livres de dédommagement (Paul Bertrand, 5 juillet 1850). Candidat défait dans le comté de Rouville, le 8 mars 1841, contre Alphonse de Salaberry, il est élu député de Rouville à l’élection partielle du 25 septembre 1843, et réélu en 1844. Il ne se présente pas en 1848. Il avait été nommé juge de paix, le 21 septembre 1843 (L’Aurore des Canadas, 28 septembre 1843). Décédé le 5 octobre, il est inhumé le 10 octobre 1849, âgé d’environ cinquante ans, ancien membre du Parlement provincial, lieutenant-colonel de milice du premier bataillon de milice du comté de Rouville, mort depuis cinq jours (Registre de Saint-Mathias, 10 octobre 1849). SON COMMERCE En plus d’un magasin de vente au détail, Timothée Franchère fait du négoce de produits agricoles, les grains, surtout le blé qu’il expédie à Québec (Paul Bertrand, 7 juin 1825, 7 septembre 1830; 10 février 1846). Il vend aussi du bois, le pin, le frêne, le cèdre, l’épinette rouge (Paul Bertrand, 19 décembre 1825; 2 décembre 1828; 21 février 1829), des animaux (Théophile Lemay, 29 janvier 1836), des terrains (Paul Bertrand, 27 juin 1839; 30 août 1841; 20 janvier 1847). Il fait dans le prêt d’argent aux habitants (Paul Bertrand, décembre 1825; en mars et avril 1835; 29 août 1848). Il possède une barge pour le transport de ses marchandises, La Cordélia, qu’il échange pour La Caroline (Paul Bertrand, 16 août 1831; 18 octobre 1831; 24 mai 1839; Charles-Gédéon Coursoles, 7 novembre 1835). Il ne néglige aucune source de bénéfices, comme les revenus de moulins à scie ou les recettes des ponts à péage (Paul Bertrand, 1 octobre 1838; 10 mars 1846; 10 août 1848). Il est établi en société avec Charles Mongeau, qui avait ouvert une succursale à Saint-Athanase (Paul Bertrand, 27 janvier 1835; 6 juin 1841). Quelques revenus de placements lui permettent de verser des rentes à des membres de sa famille. Timothée Franchère transfère à dame Marguerite Franchère, veuve de feu René-Séraphim Bourdages de Sainte-Marie… une rente annuelle et perpétuelle de 720 livres au capital de la somme de 12 000 livres, suivant ce qui est porté au constitut consenti par Hyacinthe-Marie Delorme à la succession de feu Pierre Brunet, le 1 juillet 1812, devant le notaire Pétrimoulx… (Paul Bertrand, 21 août 1840). Après son décès, la veuve Franchère donne procuration à Jean-Baptiste Monty, marchand de Saint-Mathias, de gérer et administrer les biens de la succession (Paul Bertrand, 11 octobre 1849 et 17 octobre 1849). A son tour, Jean-Baptiste Monty donne procuration à Edmond Dorval, commis-marchand, de gérer et administrer les biens de la communauté de feu Franchère (Paul Bertrand, 12 octobre 1849). En décembre 1849 et en janvier 1850, Jean-Baptiste Monty entreprend de faire signer plusieurs obligations aux débiteurs de Timothée Franchère et de récupérer ces dettes dormantes. L’INVENTAIRE de FEU TIMOTHÉE FRANCHÈRE L’inventaire après décès de feu Timothée Franchère constitue un document volumineux de 206 pages de renseignements très détaillés. La communauté familiale laisse cinq enfants héritiers qui se partagent un actif immobilier intéressant, sans compter les créances et les obligations (Paul Bertrand, 5 juillet 1850). La veuve Faribault déclare qu’elle a perçu du gouvernement pour les pertes du dit défunt pendant les troubles de 1837-1838, 837 livres. Elle a reçu pour la vente des parts dans la Compagnie du Richelieu, 146 livres, 19 chelins. Il y a deux pianos dans la maison; on découvre trois portraits dans le salle de compagnie représentants Pie IX, Jacques Cartier et l’évêque Plessis. L’inventaire comporte aussi de l’or en bijoux et de l’argenterie, etc. Il serait fastidieux de détailler ici un inventaire aussi impressionnant. La veuve Timothée Franchère, Éléonore Faribault, s’associe à François-Xavier Mongeon, marchand de Saint-Athanase, après le décès de son mari (Paul Bertrand, 17 février 1850). L’association prévoit établir un magasin au village de Richelieu, sous le nom de Franchère et Mongeon, pour trois ans ou pour cinq ans, si les affaires vont bien. Cette société dure jusqu’en 1855. GÉNÉALOGIE PARTIELLE DES FRANCHÈRE 1-Jacques Franchère, médecin, épouse à Québec, le 13 août 1748, Élisabeth Boissy. Jacques Franchère, capitaine de milice, est décédé à Louiseville, jeudi, le 18 août 1808. Il est inhumé dans l’église (Montreal Gazette, 29 août 1808). Nous avons retenu les descendants de deux de ses enfants, de Gabriel mais surtout d’Antoine: 2-Charles (Jacques) Franchère, marié à Québec, le 3 février 1778, à Marie Carrier, est le frère de Gabriel et d’Antoine. Nous nous limitons ici à la lignée descendante de l’artiste Joseph Charles-Franchère. 3- Charles-Léandre Franchère, fils de Charles-Léandre épouse à Louiseville le 4 août 1818 Lucie Tondreau, fille de Charles et de Marie-Louise Saucier. 4- Louis-Onésime Franchère, fils de Charles-Léandre, épouse à Notre-Dame-de-Montréal le 6 août 1850 Vitaline Ménard, fille de Toussaint et d’Amada Laurin. 5- Joseph-Charles Franchère (1866-1921), artiste peintre, a été baptisé le 6 mars 1866 à Notre-Dame-de-Montréal. Peintre de formation académique, il se spécialise dans des tableaux idéalisant la vie rurale, et il réalise quelques portraits. Une oeuvre plus connue de cet auteur est Sillery vu des Plaines d’Abraham, en 1895. 2-Antoine Franchère, épouse à Québec, le 24 août 1779, Marie-Josephte Nicolas. Antoine Franchère habite à Saint-Antoine-sur-Richelieu vers 1790 (Dutalmé, 9 juin 1802). Nous lui connaissons quatre garçons et une fille: 3-Joseph Franchère, baptisé le 15 août 1785, est décédé, major de milice, célibataire, à quarante et un ans, cinq mois, le 18 janvier 1827. 3-Timothée Franchère, baptisé le 9 février 1791 à Saint-Antoine, épouse, le 18 octobre 1824 Louise-Eugénie-Éléonore Faribault. 3-Marguerite Franchère, épouse à Marieville, le 22 mai 1821, Rémi-Séraphin Bourdages, fils de Louis et de Louise-Catherine Soupiran de Saint-Denis. Rémi-Séraphin Bourdages, médecin, était député de Rouville. Il est décédé, le 24 décembre 1832, chez son père, âgé de trente-quatre ans; il était d’un faible tempérament, écrit le journaliste (La Minerve, 28 décembre 1832). Bourdages fut remplacé comme député du comté par François Rainville (540 votes), cultivateur de Sainte-Marie, élu contre Ludger Duvernay (395 votes) (La Minerve, 7 février 1833). 4-Henriette Bourdages épouse à Marieville, le 15 janvier 1849, Ambroise Laberge, fils de Charles-Ambroise et de Rose Franchère (Antoine Gauthier, 21 mai 1850). 4-Josephte Bourdages épouse Joseph-Napoléon Poulin, médecin de Sainte-Marie (Paul Bertand, 20 septembre 1850). 3-Étienne-Benjamin Franchère, baptisé le 1 avril 1792 à Saint-Antoine; il épouse à Marieville, le 18 février 1833, Rose Franchère, veuve d’Ambroise Laberge. Il est major des milices de Sa Majesté, le 28 août 1836 (Registre de Sainte-Marie). 4-Ambroise Laberge épouse à Marieville, le 15 janvier 1849, Henriette Bourdages, fille de Rémi-Séraphin et de Marguerite Franchère. 4-Louis-Édouard-Pascal Laberge épouse à Marieville, le 21 juin 1858, Sophie Franchère fille de Joseph-Trefflé et de Marie-Libère Gatien. 4-Charles Laberge (1827-1874), avocat, journaliste, homme politique, fonde à Saint-Jean avec Félix-Gabriel Marchand le Franco-Canadien. Il collabore au National, à L’Ordre, à L’Avenir, à l’Opinion publique. Libéral en politique, annexionniste et républicain, il s’oppose au projet de Confédération canadienne en 1867. Il épouse Hélène-Olive Turgeon, le 23 novembre 1859 (Philippe Sylvain, Dictionnaire Biographique du Canada, Vol. X, pages 455 à 458). 3-Joseph-Trefflé Franchère (1800-1875), baptisé le 25 novembre 1800 à Saint-Antoine. Il épouse à Marieville le 16 février 1829 Marie-Libère Gatien, fille de Dominique, forgeron et de Geneviève Loiselle. Elle est la soeur unique du notaire François-Henri Gatien. Il était capitaine de milice à Sainte-Marie (Registre de Sainte-Marie, 3 mai 1836). Nommé juge de paix à Sainte-Marie, le 21 septembre 1843 (L’Aurore des Canadas, 28 septembre 1843), il fut élu maire de la paroisse Sainte-Marie-de-Monnoir de 1855 à 1857. Fut nommé agent de la seigneurie de Monnoir par l’honorable juge Jean-Roch Roland (Paul Bertrand, 1 octobre 1838; La Minerve, 15 décembre 1875). 4-Jacques Franchère (1831-1908), médecin, épouse à Saint-Césaire, le 13 septembre 1858, Henriette Bouthillier, fille de Flavien et d’Henriette Blumhart. 4-Sophie Franchère, épouse à Marieville, le 21 juin 1858, Louis-Édouard-Pascal Laberge, notaire, fils de Charles-Ambroise et de Rose Franchère. 4-Félix Franchère, épouse à Saint-Césaire, le 11 juin 1860, Marie-Anne-Françoise-Axilda Bouthillier, fille de Flavien et d’Henriete Blumhart. 4-Marie-Rose-Hermine Franchère, épouse à Marieville, le 14 septembre 1863, Cléophas Pinsonnault, fils de Charles et de Marie-Louise Quintal. 4-Louise Franchère, épouse à Marieville, le 28 août 1865, Ambroise Patenaude, avocat de Marieville, fils d’Étienne et de Marie Carreau (Paul Bertrand, 24 août 1865). 2-Gabriel Franchère ( -1832) est négociant à Montréal (François Leguay, 28 mai 1779). Il épouse à Québec, le 14 octobre 1779, Félicité Morin. Il s’est établi en société avec Louis Gauvreau vers 1800. Ceux qui doivent à la société doivent se présenter… pour règler leurs comptes, etc. (Montreal Gazette, 21 octobre 1805). Il est dit doyen des marchands et des marguilliers, maître du havre de Montréal (Montreal Gazette, 12 août 1816). Gabriel Franchère et fils, Co, offre en vente deux cents quintaux de morue verte, vingt quintaux de morue sèche, vingt-quatre firkins (petits barils) de sardines, vingt barils de hareng boucanés, dix barils de harengs salés, six firkins de truites saumonées (Montreal Gazette, 1 décembre 1815). 3-Gabriel Franchère (1786-1863), né à Montréal, décédé à Saint-Paul, Minnesota, est facteur de l’American Fur Co (L’Aurore des Canadas, 7 août 1840). Il épouse, le 24 avril 1815, Sophie Routhier ( -1832), la jeune fille fidèle qui l’attendait encore, avec qui il aura huit enfants. Commerçant de fourrures et voyageur, il a laissé un récit de ses aventures, intitulé Récit d’un voyage à la côte du Nord-Ouest de l’Amérique septentrionale dans les années 1810, 11, 12, 13, 14. Publié chez l’éditeur Michel Bibaud à Montréal en 1820. (Gerald Friesen, Dictionnaire Biographique du Canada, Vol IX, pages 307, 308) 3-Mathilde Franchère, épouse James McKay de la compagnie de la Baie d’Hudson à Détroit, le 22 juillet 1840 (L’Aurore des Canadas, 7 août 1840). 3-Rose Franchère, épouse Ambroise Laberge, marchand à Montréal, le 4 août 1823: elle épouse en secondes noces Etienne-Benjamin Franchère, le 18 février 1833. 4-Charles Laberge (1827-1874), journaliste, avocat, député d’Iberville. À SAINT-MATHIAS-SUR-RICHELIEU Les frères Joseph et Timothée Franchère se seraient installés à Saint-Mathias en l’année 1815. Joseph Franchère (1785-1827), aussi marchand, frère de Timothée, fut élu député de Bedford en avril 1820; élu par 755 voix contre John Jones, 723 voix, dans le comté de Bedford le 3 avril 1820 (La Gazette de Québec, 3 avril 1820). Il est battu en juillet 1820 par John Jones, mais réélu à une partielle en mars1822. Il s’était engagé activement dans les entreprises de navigation à vapeur en 1820 et en 1823 en s’associant à la trentaine de marchands et de seigneurs de la région du Richelieu pour se doter de bateaux à vapeur. Major de milice, il est demeuré célibataire. Atteint de maladie, il rédige son testament, le 30 décembre 1826, où il fait des dons en argent et en or. Joseph Franchère demande dans son testament que son corps, après son décès, soit ouvert par les médecins et docteurs qui l’auraient soigné durant sa dernière maladie; que, si Rémi-Séraphin Bourdages refusait d’opérer dans cette occasion, il le prie de nommer un autre chirurgien pour aider et assister à l’opération; qu’il soit libre à tout ami et parent d’assister à la dite opération. Joseph Franchère sera inhumé dans le cimetière de Saint-Mathias, le 18 janvier 1827 (René Boileau; 30 décembre 1826; Gaston Deschênes, Dictionnaire des parlementaires du Québec, 1792-1992). Nous ignorons si cette autopsie a eu lieu. Nous considérons que cette demande, plutôt exceptionnelle, manifeste une ouverture d’esprit peu commune, à cette époque où l’espérance de la résurrection commande de conserver l’intégralité du corps. Timothée Franchère (1790-1849), fils d’Antoine et de Marie-Josephte Nicolas, a épousé Louise-Eugénie-Éléonore Faribault (1800-1869), fille du juge Joseph-Édouard Faribault et de Marie-Anne-Élise Poudret à L’Assomption, le 18 octobre 1824. Le jounaliste écrit, lundi matin à onze heures, Timothée Franchère a épousé l’aimable et accomplie Louise-Eugénie-Éléonore Faribault, deuxième fille de Édouard Faribault, lieutenant-colonel de milice de la division de Lavaltrie, et ancien membre du parlement pour le comté de Leinster (Le Canadien, 27 octobre 1824). En 1851, Éléonore avait cinquante ans et était veuve. Leurs enfants lors du recensement sont Georgina, quatorze ans; Laura, dix ans (Recensement de Saint-Mathias, 1851). Louise-Eugénie-Éléonore Faribault, décédée depuis six jours, à l’âge de 69 ans, est inhumée à Saint-Mathias le 8 janvier 1869. L’inventaire de feue Éléonore Faribault se trouve au greffe du notaire Scheffer (Charles-Gédéon Scheffer, le 25 janvier 1869). Des huit enfants de ce couple, cinq survivent: Louise-Élisabeth-Joseph-Virginie, baptisée le 20 août 1825; inhumée à Saint-Mathias, le 25 juin 1826 (René Boileau, le 30 décembre 1826). Cordélia-Sophie-Victoire Franchère (1827-1855), baptisée le 29 avril 1827, elle épouse le 30 janvier 1849 à Saint-Mathias, Charles-René-Léonide de Salaberry, major de milice de Saint-Mathias, fils de feu Charles-Michel et de Marie-Anne-Julie Hertel de Rouville. Elle avait vingt-quatre ans en 1851; Charles, bourgeois, avait trente ans. (Contrat de mariage, Paul Bertrand, 29 janvier 1849). Timothée a fait donation à Cordélie de 1/5 de tous les terrains et des emplacements (Paul Bertrand, 26 février 1849; 5 août 1850). Elle décède le 22 avril 1855 à Saint-Mathias, deux jours après sa belle-mère qui demeurait chez elle. Leurs enfants sont: B-Léonidas-Joseph-Charles-Timothée de Salaberry (1849-1903), baptisé le 22 novembre 1849, avocat de Montréal. Il est resté sans descendance. B-Marie-Anne-Cordélie-Lilia de Salaberry, baptisée le 14 juin 1851, parrain Melchior-Alphonse de Salaberry, représenté par Charles Boucher de Grosbois; marraine Amélie Faribault, représentée par Marguerite Sabatté. Elle épouse à L’Assomption, le 7 avril 1874, Louis-René La Roque de Roquebrune, fils de Louis-Isaac La Roque (-1865) et de Sophie Henriette Hertel de Rouville ( -1867), fille du seigneur René Hertel de Rouville. Joseph-Benjamin-Timothée-Charles-Edmond Franchère (1829-1869), marchand, baptisé le 3 septembre 1829 Décédé depuis quatre jours, il est inhumé, âgé de quarante ans, à Saint-Mathias le 10 mars 1869. Lors de l’inventaire de feu son père, il était dit mineur émancipé par son mariage (Paul Bertrand, 26 juin 1849; 11 octobre 1849; 5 juillet 1850). Edmond Franchère épouse à Notre-Dame-de-Montréal le 1 septembre 1848 (1) Aurélie Hawley (c1829-1864), mineure, fille de feu Samuel et de feue Marguerite Boyer. En 1851, Edmond, donne vingt-deux ans; Aurélie, vingt-quatre ans. Ils ont cinq enfants survivants, dont Anne, trois ans (Annie-Aurélie Franchère épousera François-Olivier-Alfred Larue, marchand) et Eugénie, deux ans. On mentionne un autre enfant, Charles Franchère, en 1869 (Paul-Solyme Bertrand, 29 juillet 1871; 9 février 1872). Aurélie Hawley est inhumée dans le caveau de l’église de Richelieu, le 14 novembre 1864. Il épousera (2) Marie Tétreault le 9 avril 1865 (Charles-Gédéon Scheffer, 11 octobre 1869; 30 novembre 1869; 1 mars 1870). Il aurait eu trois enfants de Marie Tétreault: Jean-Baptiste, Laura et Georgina (Charles-Gédéon Scheffer, 11 octobre 1869; 4 décembre 1873; Paul-Solyme Bertrand, 29 juillet 1871). Il demeure à Chambly en 1865 (Paul Bertrand, 28 septembre 1865; Charles-Gédéon Scheffer, 7 décembre 1867; 11 décembre 1867; 23 décembre 1867). La veuve Marie Franchère, vingt-cinq ans; Jean, cinq ans; Laura, quatre ans; Georgina, deux ans, sont recensés à Chambly en 1871, no 52. B- Marie-Laura-Scholastique Franchère, flle de feu Edmond et de Marie Tétreault, mère et tutrice, épouse Herménégilde Breault, maître meunier de Montréal (Charles-Gédéon Scheffer, 27 août 1883). B- Georgina Franchère, fille de Marie Tétreau, épouse Désiré (Dézérie) Mercier, menuisier de Montréal (Charles-Gédéon Scheffer, 27 août 1887). Éléonore Faribault, mère d’Edmond Franchère, avait fait cession à son fils de certains terrains; mais il les rétrocède à sa mère (Paul Bertrand, 5 août 1850 et 20 juin 1851. Paul-Solyme Bertrand, 31 mars 1852). Gustave-Antoine Franchère (1834-1867), baptisé le 13 juillet 1834. Marchand, il est décédé le 1 novembre 1867. Porté disparu le premier novembre dernier et dont le corps a été retrouvé en bas des rapides de Chambly près des côtes de Saint-Mathias, le 28 du même mois, Gustave-Antoine Franchère est inhumé à Saint-Mathias, âgé de trente-trois ans, cinq mois, le 5 décembre 1867. L’inventaire de Gustave-Antoine Franchère se trouve au greffe du notaire Scheffer. Parmi les effets énumérés, se trouve une paire de bottes à la Napoléon (Charles-Gédéon Scheffer, 23 décembre 1867; 4 décembre 1873). Il est décédé sans enfants. Paméla-Eugénie-Georgiana Franchère (1837-1915). Baptisée le 19 février 1837, elle épouse à Saint-Mathias, le 23 septembre 1861, Joseph-Honoré Demers, fils d’Honoré et de Sophie Ferré. Elle renonce à la communauté de feu Joseph-Honoré Demers, son mari (Charles-Gédéon Scheffer, 21 octobre 1869; Paul Bertrand, 27 octobre 1865). Sur leur monument au cimetière Saint-Joseph-de-Chambly, on lit: Joseph-Honoré Demers (1836-1914). Georgiana Franchère, son épouse (1837-1915). Catherine-Caroline-Laura Franchère (1843- ), baptisée le 5 février 1843. Elle épouse Joseph-Cléophas Perrault, médecin de Beloeil, fils de Joseph-Cléophas de Saint-Hyacinthe et de Mélanie Pépin. (Paul Bertrand, 9 novembre 1864; 27 octobre 1865). Leur contrat de mariage, le 11 septembre 1866, se trouve au greffe du notaire Paul-Solyme Bertrand. Malvina-Marguerite-Dillava Franchère, baptisée le 15 juillet 1832; inhumée le 12 juin 1834. Alphonsine-Albina Franchère, baptisée le 3 mai 1840; inhumée le 7 mai 1841. NOTES ÉPARSES L. Franchère junior, écuyer, épouse Ludivine de Saint-Félix, fille unique de Alex de Saint-Félix, écuyer de Saint-Charles, le 7 janvier 1856. (Le Courrier de Saint-Hyacinthe, 11 janvier 1856). Louis Franchère est responsble de la poste à Milwaukee, Michigan. Gabriel Franchère, est responsble de la poste à Sault-Sainte-Marie, Michigan (Le Patriote Canadien, 14 août 1839). Gabriel Franchère, le président de la société Saint-Jean-Baptiste de New York est à Saint-Jean depuis jeudi dernier et est descendu chez M. Laberge. Le vénérable vieillard, dont le nom est si bien connu comme ancien voyageur, porte avec vigueur ses soixante-dix-sept ans. Nous avons eu le plaisir de lui entendre rappeler son départ pour la Colombie, il y a cinquante-deux ans. Parti de Montréal pour Laprairie en canot, il fit un portage de Laprairie à Montréal (sic) (Serait-ce plutôt de La Prairie à Saint-Jean ?), puis un autre portage de Whitehall à l’Hudson pour se rendre, de là, à New York (Le Courrier de Saint-Hyacinthe, 29 octobre 1862). Gabriel Franchère (Registre de Saint-Mathias, 18 janvier 1827) (cousin de Joseph, actuellement à Chambly: René Boileau, 30 décembre 1826) Louis Franchère (Registre de Saint-Mathias, 18 janvier 1827) Sophie Routier-Franchère, (Registre de Saint-Mathias, 29 avril 1827). Jean-Baptiste Franchère, horloger à Montréal, 147, rue Notre-Dame (L’Aurore des Canadas, 24 novembre 1840; registre de Saint-Mathias). Orfèvre (Paul Bertrand, 30 mai 1840). Vente d’une terre par Jacques-Félix Franchère de Marieville et Gustave Franchère de Saint-Mathias à Guillaume Adam et Edmond Ostiguy (Paul-Solyme Bertrand, 7 mai 1862). DOCUMENTS Le journal Le Canadien du 9 février 1825 rapporte l’incident suivant survenu à Chambly. Nous avons appris qu’il est arrivé à Chambly, il y a quelques jours, un incident qui a été tout prêt (sic) d’étre fatal. Messires Franchère et Soupras, accompagnés de leur dames, furent dans ce village pour passer la soirée dans une partie d’amis et traversèrent le bassin sur la glace sans aucun danger, ni difficulté. Pendant qu’ils jouissaient du plaisir de la société, l’eau du rapide monta sur la glace et fit baisser considérablement le chemin sur lequel ils avaient passé sans danger quelques heures auparavant, formant une espèce de gorge profonde et de soixante pieds de large. À leur retour, pendant la nuit, ils furent se jeter à l’eau à grand train. Les chevaux perdirent bientôt fond; leurs carrioles, deux en nombre, chacune contenant quatre personnes, laissèrent aussitôt la glace et flottèrent dans l’eau, enfonçant et revenant alternativement sur l’eau. Les passagers effrayés avaient souvent de l’eau jusqu’au col et, à un moment donné, elle passa par dessus la tête de quelques dames. Ce danger inattendu et l’ignorance de leur vraie situation les frapppa (sic) de consternation; tout ce qu’ils savaient c’était qu’il y avait un terrible combat entre la vie et la mort. Leurs chevaux cependant nagèrent vigoureusement en avant et ces bons animaux, à la fin, les mirent à terre sains et saufs. Ils reparurent chez eux où, retenant leur situation et prenant les remèdes convenables contre le froid, il n’y eut d’autre résultat de leur aventure que celui de la reconnaissance pour avoir échappé à un si grand danger (Le Canadien, 9 février 1825). OBSERVATIONS Les marchands de village, comme Timothée Franchère, sont une rouage important du fonctionnement d’une collectivité. En plus d’apporter dans la “culture” traditionnelle de la communauté des produits matériels, des nouveautés, des courants d’idées et un éventail toujours plus large de biens, ils facilitent les échanges. Sans eux les surplus des récoltes, la fabrication domestique, les mutations d’immeubles, le prêt d’argent et les investissements seraient immobilisés. Quand il échange le beurre ou la laine de la fermière contre le tweed et les shawls anglais, quand il achète le cuir du tanneur en retour d’outils de jardinage, il ne fait pas qu’un léger profit, il canalise des relations humaines entre habitants. Il fait le pont entre les besoins urbains et les nécessités rurales. Il introduit dans le quotidien et la routine journalière un brin de nouveauté. Surtout, les marchands centralisent le crédit. En l’absence de banques, ils deviennent les facilitateurs d’échange. Comme le numéraire est rare, le crédit est l’outil généralisé. Le marchand de cette époque fait crédit de façon massive. Il le fait souvent moyennant hypothèque. Il achète même des créances, ou encore se fait payer par des remises de créance. En période de croissance, le crédit nourrit le commerce et satisfait les partenaires. En période de crise, le crédit généralisé provoque des faillites en cascades. Le premier fournisseur réclame du grossiste son dû. Celui-ci se rabat sur ses détaillants dans les villages. Ces derniers réclament des clients leurs obligations. D’où les saisies de meubles et de terres. Le règlement des dettes agit comme une pompe aspirante. C’est ce qui s’est produit dans la décennie 1840 dans la région de Chambly. Les familles Hatt et De Salaberry ont subi les tenailles des créanciers. Les familles Yule, Franchère et Soupras ont survécu aux impératifs financiers. Envoyé à L’Ancêtre, 10 janvier 2005. Publié dans L’Ancêtre, no 280, automne 2007.