Le 28 mai 1834, L’Écho du pays, un journal patriote publié à Saint-Charles, relate un triste incident. On y annonce la mort d’Étienne Daragon, étudiant de 16 ans au Collège de Chambly. Il était le fils d’un ancien capitaine de milice, François Daragon, et promettait par ses belles qualités de faire un jour le bonheur de sa famille, surtout d’une mère qui l’aimait tendrement.
L’inhumation du jeune homme est inscrite aux registres de la paroisse Saint-Joseph, sans mentionner la cause de la mort du jeune homme. Nous sommes en mai, il ne s’agit donc pas de la deuxième grande épidémie de choléra qui réapparaîtra en juillet de cette même année (la première avait eu lieu au cours de l’été 1832 et avait fait une centaine de morts à Chambly). Incident banal que le décès de ce jeune homme, mais oh! combien étonnant est ce poème lyrique, sans titre, qui suit l’entrefilet de L’Écho, avec comme seule mention : communiqué de Chambly. La mort m’arrache de tes brasMère tendre, mère chérie;Vois la froide main du trépasPresser ma vie appesantie.Le rêve d’un long avenir,Qui flattait ma tendre jeunesse,S’évanouit et mon dernier soupirS’exhale, il faut que je te laisse.Hier encore florissant de santé,Sans rien redouter de l’orage,Je partageais avec sécuritéLes plaisirs purs des amis de mon âge.Mais aujourd’hui quel changement !Le glas de la mort sonne, à l’instant je succombe.Tous est fini, dans ce moment…Ce qui me reste c’est la tombe.Adieu, chers compagnons, adieu donc pour jamais.L’éternité pour moi commence, À votre Emilien donnez quelques regrets,Une larme de souvenance.Prosternés près de mon tombeau,Suppliez la Bonté Suprême,De m’accorder ce jour si pur, si beauQu’il réserve à celui qui l’aime. Qui a écrit ce poème? Un de ses camarades, une amie, un parent? Rien ne mentionne qui est ce poète inconnu de Chambly et le mystère n’est toujours pas résolu. Louise Chevrier
