En juin 1812, James Madison, quatrième président américain, déclara la guerre à l’Angleterre. Non pas au Canada, mais à l’Angleterre. Faut-il répéter que les Canadiens français ne sont pas visés par l’agressivité américaine. L’Angleterre seule est perçu comme l’ennemie, comme le provocateur. Ce président ignorait que le petit village de Chambly, au Bas-Canada, connaîtrait les effets de cette guerre.
En 1812, la seigneurie de Chambly devait contenir plus ou moins 2500 habitants, surtout répartis dans les rangs de campagne. Les deux villages de Chambly-Bassin et de Chambly-Canton pouvaient totaliser ensemble moins de 800 villageois, dont quelque rares anglophones. Mais il y a le fort et, autour du fort, un terrain vague, vide d’habitations, appartenant à la British Ordnance. Ce terrain allait être utilisé pour installer les garnisons britanniques et les miliciens canadiens au cours de la guerre. Imaginons l’impact sur le développement de Chambly. Toutes ces troupes à loger, à nourrir, à habiller, à chauffer et…à offrir à boire! Les tentes et les bivouacs, les casernes à construire, avec cuisines, latrines, écuries, baraquements, entrepôts, champs de parade. Beaucoup d’emplois pour les charpentiers, les bouchers, les boulangers, les cordonniers, les marchands de bois, les maçons, les forgerons, sans oublier les voituriers, les charrons, les maquignons, etc… La plus inattendue des nouveautés sera cette brasserie que le premier John Yule établira le long des rapides (au 22, rue Richelieu actuel). Et plus tard cette église anglicane au 2000 rue Bourgogne… Bref, un essor inhabituel, sur lequel on reviendra. James Madison (1751-1817) président de 1809 à 1817, fils d’un planteur esclavagiste de Virginie, était pâle de teint, petit de taille (5 pieds, 6 pouces, le plus petit des présidents américains), pesait environ cent livres, était surnommé withered little apple-John. On dit que ses allocutions étaient presque inaudibles. Il parlait bas, lèvres pincées, dans une attitude indifférente, détachée. C’était un intellectuel, amant de livres et de conversations de salon. Très instruit. Quoique terne d’apparence, il avait été un des pères de la Constitution américaine et secrétaire d’État sous Jefferson. Son épouse, Dolley Todd-Madison, la First Lady, est décrite comme enjouée, affable, digne et gracieuse. Décontractée,sans formalisme, elle animait les réceptions hebdomadaires, les déjeuners sur l’herbe et rendait à l’aise tous ses invités. Des détracteurs affirment qu’elle prisait le tabac (took snuff) et abusait du fard (to rouge). Précisons que l’excès de maquillage est alors perçu comme aristocratique, donc mauvais, et indigne d’un authentique républicain. Quant au tabac de Virginie,… disons, sans rire (!), que ce fut une mode éphémère. Les extraits et les photos proviennent de Presidents and Famous Americans, vol 2, American Heritage, 1967. Paul-Henri Hudon