Aujourd’hui, il suffit d’une carte de débit en plastique pour régler instantanément une facture d’hôtel à Venise depuis notre dépôt bancaire à Chambly. Des milliards de dollars sont ainsi déplacés par jeu d’écriture numérique chaque seconde dans le monde. Autrefois, il aurait fallu emporter des espèces sonnantes et trébuchantes pour régler nos comptes. Il fallait donc transporter à risque des quantités importantes de livres sterling et de piastres en argent. Des changeurs et des courtiers se spécialisaient dans ces transactions. Le port douanier de Saint-Jean, dans le Haut-Richelieu, servait de lieu de transit pour la monnaie entre les États-Unis et le Bas-Canada.
Quand M. McCallum, en 1824, perd mille dollars, une somme importante, on peut supposer qu’il s’adonne à des opérations de change. Lisons: «Une somme de mille dollars a été volée à M. McCallum de Chambly, alors qu’il voyageait en diligence venant de Saint-Jean. Il avait enveloppé le paquet dans une couverture (blanket) et l’avait placé dans le traîneau (sleigh) derrière lui. Quelqu’un a dû profiter de l’obscurité du matin pour laisser glisser (slip) le paquet hors du traîneau.» (Montreal Gazette, 3 avril 1824). Le gouvernement colonial du Bas-Canada payait les frais de transport et les commissions aux courtiers qui négociaient les lettres de change. Ainsi un capitaine de navire recevait 1/2 %. «L’été, on transporte les espèces en voiture par terre ou en canot sur le lac Champlain et le fleuve Saint-Laurent. L’hiver, on utilise la carriole». Toutes ces opérations épargnaient le temps, le coût, les difficultés et les risques de transport d’argent par bateau au-delà de l’Atlantique. L’historien Wallot poursuit: «À l’intérieur même du Canada, on envoie les sommes plus petites par courrier, et les sommes plus considérables, en voiture ou en carriole, sous l’escorte de quelques officiers et soldats». (Paquet et Wallot, Un Québec moderne – 1760-1840, p. 258). Des courtiers se font voler une somme énorme à Saint-Jean-sur Richelieu. «On offre 1 500 piastres de récompense. Il a été volé du portemanteau du soussigné à la maison de M. Peter Wheeler, à Saint-Jean, Bas-Canada. dans la nuit du 25 courant (25 juillet 1815) dans deux sacs, un contenant 5 175 piastres et 37 cents, et l’autre contenant 5 000 piastres et 25 cents, le tout en or d’Angleterre et du Portugal. Quiconque remettra l’argent et donnera des informations de manière que le voleur puisse être traduit en justice recevra la récompense, ou 500 piastres pour le voleur et 1 000 piastres pour l’argent. Dona & Brooks, Montréal, 27 juillet 1815. (Le Spectateur canadien, 7 août 1815). Paul-Henri Hudon Paul-Henri Hudon, président de la Société d’histoire de la seigneurie de Chambly, donnera une conférence le dimanche 23 septembre 2012, à 13h30, au 2445, ave Bourgogne à Chambly, sur l’usage de la monnaie chez nos ancêtres.