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Les cinq femmes d’Ambroise Massé (1748-1805)

By 10/04/2019May 9th, 2019No Comments

Ambroise Massé, né le 25 septembre 1748, fils de François Massé et de Madeleine Robert, maître-armurier de métier, est de la troisième génération des Massé dit Sancerre établis dans la seigneurie de Chambly. Très rare est le métier d’armurier dans une localité rurale. Aussi des ancêtres qui cumulent cinq mariages successifs sont peu nombreux. D’autant plus que quatre de ses épouses meurent très jeunes en couche. Ça aussi, ce n’est pas banal. Ce prolifique aïeul laissera malgré tout une descendance importante de huit enfants vivants.

Ambroise Massé, épousait en premières noces Angélique Sabourin dit Chaunière (1755-1772),  fille de feu Jean-Baptiste et de Marie-Barbe Quenneville, le 11 novembre 1771, à Chambly. Le 18 septembre 1772, Angélique (aussi appelée Desanges et Marie-Ange) donnait naissance à un fils baptisé Ambroise Massé. Mais elle était inhumée quatre jours plus tard, âgée de 21 ans, écrit-on. En réalité elle avait 17 ans, étant née le 25 avril 1755. C’est la seule des cinq épouse qui ne laissera pas de descendants. Le veuf Massé épouse en deuxièmes noces Charlotte Bertrand (1752-1777), née le 5 mars 1752, fille de Jean et d’Isabelle Legrain, le 14 février 1774. Charlotte accouche d’un enfant mort-né le 19 avril 1777, avant qu’elle soit portée en terre le 23 avril suivant, âgée d’environ 26 ans. Elle laissait cependant deux enfants nés précédemment, Charlotte qui convolera avec Jean-Marie Ostiguy en 1791, et Ambroise, qui épousera Marie-Françoise Ostiguy en 1798. Ambroise se remarie une troisième fois avec Josette Bonneau dit Labécasse (1757-1782), fille de Dominique et de Françoise Gonthier, le 21 novembre1777. Josette Bonneau donne à son mari un garçon, baptisé Joseph Massé, le 30 mai 1782. Mais quinze jours plus tard, soit le 15 juin 1782, Josette Bonneau, âgée d’environ 30 ans, est, elle aussi, portée en terre. Elle n’avait que 25 ans. Une fille, baptisée Josette, née auparavant, épousera Joseph Fournier en 1797. Quant à l’orphelin Joseph, il épousera Marie-Ovide Dubois en 1812. Après les décès de ses trois épouses, l’inconsolable Ambroise Massé convolera en quatrièmes noces avec Marguerite Deniau (Daigneau), fille de feu Michel Deniau et de Françoise Comeau, le 23 février 1784. Marguerite Deniau accouchera de Charles Massé que l’on fait baptiser le 12 juin 1790. Mais deux jours plus tard, Marguerite décède à son tour, âgée d’environ 29 ans. Elle est inhumée le 14 juin 1790. Nous n’avons pas retrouvé le lieu, ni la date de sa naissance de Marguerite. Quant à Charles, nous ignorons sa destinée. Par contre leur fille, Marguerite Massé, épousera à Chambly Joseph Roberge en 1809. En dépit de ses quatre deuils, Ambroise Massé épousera encore, le 9 août 1791, Madeleine Fournier dit Lagrenade, fille d’Augustin et de feue Marie-Thérèse Demers. Cette dernière épouse lui survivra. Elle reste tutrice de cinq enfants mineurs, lors du décès de son mari. (René Boileau, inventaire, 6 août 1805).  Le maître-armurier et forgeron Ambroise Massé avait été inhumé le 12 mars 1805, âgé de soixante ans. (En réalité, il avait 57 ans). Madeleine Fournier vivait encore en avril 1817, lorsqu’elle confie sa fille mineure, Angélique Massé, à Simon Bertrand qui l’épouse le 28 avril 1817. Trois autres de ses enfants, François (qui épousera Thérèse Trouillet, 1819), Michel (qui convolera en 1828 avec Sophie Lefebvre) et Pierre laisseront des descendants. Ce Pierre, à son tour se mariera quatre fois, comme son père: à Marguerite Gaudreau en 1819; à Marie Bazinet en 1827; à Marie-Anne Larocque en 1831; et à Catherine Proteau en 1842. Que de noces! Que de noces! Que dire? Quatre jeunes mariées meurent avant la trentaine, dans la force et le beauté de l’âge, suite apparemment à un accouchement, laissant plusieurs orphelins. Notre siècle semble à des années-lumière de ces drames obstétriques. Comment expliquer ces décès successifs? Incompétence des sages-femmes? Insalubrité? Maladie? Qui prend soin des orphelins au berceau, Ambroise, Charlotte, Marguerite, Joseph et Josette? Sont-ils à la charge de la dernière épouse, Madeleine Fournier, dont on connaît quatre enfants nés de son sein, Angélique, François, Michel et Pierre? Ces orphelins sont-ils élevés par les tuteurs? Pris en charge par leurs parrains? Les familles doivent aussi considérer les problèmes de succession pour tous et chacun des enfants survivants. La protection des biens des mineurs était une affaire sous haute surveillance à cette époque. Chaque enfant détient des droits sur le patrimoine de la communauté familiale. Inutile de dire que la famille de la personne décédée y veillait jalousement. Chaque conseil de famille désignait un tuteur et un subrogé-tuteur qui devaient surveiller la gestion d’Ambroise Massé afin de rendre compte de l’état des biens lors de la majorité de leur orphelin. Imaginez le poids de tout ce contrôle social sur les épaules du chef de famille. Et combien d’inventaires à faire! Combien de susceptibilités à satisfaire! De partage équitable à observer. De disputes familiales à éviter. Et dire que notre siècle croit détenir le championnat des familles reconstituées.   Rédaction: Paul-Henri Hudon L’illustration de E. Sénécal est empruntée de Les Anciennes Familles du Québec, compilées pour la Brasserie Labatt Limitée, page 34.