Les États-Unis déclarent la guerre à la Grande-Bretagne au printemps de 1812. La menace imminente d’une invasion force le gouverneur du Bas-Canada, M. George Prevost, à recourir à la milice canadienne. Il autorise la formation d’un bataillon d’infanterie légère, les Voltigeurs canadiens. Le commandement des Voltigeurs est confié au major Charles-Michel de Salaberry, un militaire professionnel originaire de Beauport, qui s’établira ensuite à Chambly. Salaberry avait acquis une solide expérience dans l’armée britannique et il entretenait de bonnes relations avec le duc de Kent de la famille royale.
À partir du 24 avril 1812, on recrute les voltigeurs parmi les Canadiens français. On offre une somme de cent livres à tout homme qui rejoint les rangs des voltigeurs. Plus de trois cents recrues sont engagées au cours des huit premiers mois. En décembre, les autorités offrent en plus un lot de cinquante arpents de terre à chaque candidat milicien. À la fin de janvier 1813, cent vingt nouveaux voltigeurs intègrent les rangs de cette troupe. Des unités de voltigeurs postées aux frontières réussissent à arrêter l’entrée des troupes américaines dans le Bas-Canada en novembre 1812. En octobre et en novembre 1813, au cours de la célèbre bataille de la Châteauguay, le lieutenant-colonel de Salaberry et ses hommes, repoussent une armée américaine estimée à plus 2 500 soldats. En août 1814, ils combattent à Plattsburgh, dans l’État de New York, pour appuyer l’avance des forces britanniques. QUELQUES RECRUES DANS LE CORPS DES VOLTIGEURS Le libellé général des contrats d’engagement se lisait comme suit : Désirant donner des marques de son attachement au gouvernement de Sa Majesté Britannique, M. Untel, s’engage… pour l’espace de temps que pourra durer la guerre avec les Etats-Unis, ou jusqu’au moment où le gouvernement déclarera que l’appréhension de cette guerre a cessé. Charles LEFEBVRE, engagé le 24 avril 1812. Fils d’Antoine Lefebvre, de Chambly, 20 ans, 5’5’’, cheveux blonds, yeux bleus. Il s’engage pour le capitaine René Hertel de Rouville (Greffe René Boileau, 24 avril 1812). Charles BEAULIEU dit Poudré de Chambly et de Saint-Ours, fils de Charles, 17 ans, 5’4’’ cheveux blonds, yeux bleus. Il s’engage pour René Hertel de Rouville. Il a reçu 1 livre, 10 chelins d’honoraires à la signature du contrat (Greffe de René Boileau, 26 avril 1812). Antoine LEGRAIN, de Saint-Mathias, 21 ans, 5’4’’, cheveux noirs, yeux gris. A reçu une livre, 7 chelins, 6 deniers. (Greffe René Boileau, 27 avril 1812). François TRUCHONdit Léveillé, de Mascouche, 26 ans, 5’7’’ cheveux châtains, yeux bleus (René Boileau, 6 mai 1812). Noël FRÉCHETTE, fils d’Étienne, de Chambly, 28 ans, 5’4’’ cheveux bruns, yeux bleus (René Boileau, 6 mai 1812). Louis CHARLAND, fils de Joseph, de Saint-Mathias, 35 ans, 5’8’’ cheveux bruns, yeux bleus. Il a reçu deux livres d’honoraires en signant son contrat (René Boileau, 15 mai 1812). Joseph SURPRENANT, fils de Jacques, de Chambly, 23 ans, 5’3’’, cheveux bruns, yeux bleus (René Boileau, 15 mai 1812). Joseph-André CHARRON, fils de Gabriel, de Saint-Régis, 22 ans, 5’7’’, cheveux blonds, yeux bleus (René Boileau, 15 mai 1812). Nicolas BRICAULT, fils de Jean-Baptiste, 34 ans, 5’7’’, cheveux bruns, yeux gris (Boileau, 19 mai 1812). Pierre MASSÉ, fils de Joseph, de Saint-Mathias, 21 ans, 5’10’’ (Boileau, 19 mai 1812). René LAVOIE, fils d’Hippolyte, de Chambly, 22 ans, 5’4’’, cheveux noirs, yeux gris. A reçu 1 livre, 10 chelins (Boileau, 19 mai 1812). Daniel DAILEY (DALY), fils de Cornelius, de Chambly, 35 ans, 5’10’’, cheveux blonds, yeux bleus. Il s’engage pour le capitaine Joseph-François Perrault. Il a reçu quatre livres de gages en signant son contrat (Boileau, 4 juin 1812). Chrysologue POMBRUN, de Vaudreuil, 19 ans, 5’5’’, d’une complexion forte, cheveux blonds, yeux bleus. Il s’engage pour Charles-Michel de Salaberry, major, commandant le bataillon des Voltigeurs, actuellement à La Prairie. Il a reçu une livre de gages (René Boileau, 15 août 1812). Joseph GIRARD, 29 ans, s’engage pour Louis Cramer, lieutenant du corps des Voltigeurs le 18 novembre 1813 (Peter Lukin, 18 novembre 1813). Louis POIRIER, soldat dans le régiment des Voltigeurs, cantonné à Saint-Philippe, actuellement à Chambly (René Boileau, 11 février 1815). Charles FONTAINE, cultivateur de Chambly, soldat dans le régiment des Voltigeurs canadiens, compagnie du capitaine Johnson, donne procuration à Denis Bruneau, clerc avocat de Québec, de recevoir du gouvernement toutes les sommes dues pour indemnité. Il est devenu infirme durant la guerre avec les Américains (René Boileau, 30 mai 1820). LA MILICE INCORPORÉE EN 1812. Joseph Végiard dit Labonté demeurant à Saint-Joseph de Chambly, cultivateur, un des miliciens blessés au coup de Saranac dans la dernière guerre, donne procuration à Joseph et à Timothée Franchère de retirer des mains de François Vassal de Monviel, adjudant général, toutes les sommes dues, constituant pour allouance à lui fait chaque année pour le présent gouvernement, en considération de ses blessures (Louis-Joseph Soupras, 23 avril 1819. Un cas idem le 22 juin 1819). Jean-Baptiste Duguay de Saint-Luc, un des miliciens blessés à la dernière guerre américaine à Chateauguay donne procuration à William Philipps, marchand à Québec pour réclamer de Vassal de Monviel ce qui lui est dû… (Louis-Joseph Soupras, 22 octobre 1822). (BAnQ, MIC A-1105, Journaux de la Chambre d’Assemblée du Bas-Canada, bobine 19-B, 24 février 1834. Témoignages, cas de miliciens de la milice incorporée et des Voltigeurs blessés). MILICIENS INSCRITS AUX REGISTRES PAROISSIAUX OU INHUMÉS À LA PRAIRIE EN 1813-1814 (Registres de la paroisse de La Prairie, ANQM, cassette 1134b) Jacques DROUIN, soldat du régiment des Canadian Fencibles et Marie Lachance, son épouse, portent en terre Jean Drouin, âge d’environ un mois, le 28 août 1813. Jean McDONNELL, fils d’Alexandre McDonnell, sergent dans le régiment des Canadian Fencibles, et Marguerite Matheson font baptiser Jean, le 17 septembre 1813. Joseph BELOIN, milicien dans le 2e bataillon de milice, et son épouse Marie-Anne Lérigé de la Haute, font baptiser Anne, le 26 septembre 1813. Elle sera inhumée le 6 mai 1814. Amable BURON, soldat dans le régiment des Canadian Fencibles, et Marguerite Sanscartier, font baptiser Julie, le 9 octobre 1813. Jean-Baptiste CHEVINO, de Turin en Piedmont, 32 ans, du régiment de Meuron, décédé hier en cette paroisse, est inhumé le 25 novembre 1813. Joseph BUCO, piedmontais, soldat du régiment de Meuron, âgé d’environ 30 ans, est inhumé le 28 novembre 1813. Jean CORRIVEAU, de Saint-Charles au sud de Québec (Bellechasse), milicien du 1er bataillon , âgée d’environ 18 ans, est décédé hier inhumé le 13 janvier 1814. Louis TREMBLAY, originaire des Éboulements, milicien du 1er bataillon de la milice d’élite incorporée. Âgé d’environ 20 ans, il est inhumé le 17 janvier 1814. François RUHAIT (RUEST), de la paroisse de Rimouski, milicien dans le 1er bataillon de milice d’élite, décédé hier, âgé de 20 ans, le 17 janvier 1814. Jean-Baptiste DEGRANGE, soldat du régiment des Canadian Fencibles, âgé d’environ 40 ans, est décédé avant-hier et inhumé le 19 janvier 1814. Joseph GAGNON, de Rimouski, milicien dans le 1er bataillon de milice d’élite, âgé d’environ 17 ans, inhumé le 28 janvier 1814. Joseph ST-LAURENT, de Rimouski, milicien dans le 1er bataillon de milice d’élite incorporé, âgé d’environ 22 ans, décédé hier et inhumé le 4 mars 1814. Jacques OUVRARD, d’Ancienne Lorette, milicien du premier bataillon, âgé d’environ 24 ans, inhumé le 24 avril 1814. Mathew Owens, François Belval, Jacques Bourgeois, Jean-Baptiste Desnoyers, Jean-Baptiste Duclos qui ont servi dans la milice incorporée durant la guerre avec les Etats-Unis ou leurs héritiers, obtiendront des nouvelles à leur avantage en s’adressant au soussigné notaire public à Chambly. Annonce. Basile Larocque, 4 avril 1841 (L’Aurore des Canadas, publicité, 21 janvier 1842, 2 décembre 1843). Liste des miliciens de 1812, originaires de Saint-Guillaume dont l’indemnité a été récemment (!) payée : Isaac Vincent, 81 ans; Louis Vanasse-Beauvais, 85 ans; Prisque Doyon, 83 ans; Xavier Belisle, 79 ans; Louis Lambert, 86 ans (Le Courrier du Canada, 11 septembre 1875).