On a oublié, au siècle de l’automobile, l’importance capitale des chevaux dans notre histoire. Le cheval, cette énergie bon marché, a conduit l’homme partout dans l’exploration des continents. En particulier, il lui a permis de faire la guerre. Napoléon amène en Russie, en 1812, 163 000 chevaux. Son adversaire russe aligne contre eux 150 000 autres destriers. Peut-on imaginer seulement le fourniment à traîner pour juste nourrir ces bêtes? Et les attelages, et les montures. Les maréchaux ferrants, les palefreniers qui les suivent et les soignent. Sur des centaines de kilomètres. Ouf! Quel attroupement!
À Chambly, les casernes de la cavalerie ont aussi hébergé un bon nombre de coursiers: «Nicolas Gagnon, cultivateur de La Magdeleine de La Prairie, signe un contrat avec Isaac Hinslow Clark, député-commissaire général pour Sa Majesté, de fournir pour les chevaux qui sont en quartier dans les forts de Chambly et de Blairfindie, tout le foin requis pour 300 chevaux plus ou moins (pas plus de 325 et pas moins de 275), au prix de 2 livres, 10 chelins (cours actuel) pour chaque bundel de franc foin, payables le 24 de chaque mois, commençant le 1er octobre jusqu’au 24 juillet 1816» (Griffin, no 1126, 13 septembre 1815). «À vendre. Le samedi 25 du courant (novembre) aux magasins de Sa Majesté à dix heures précises, seront vendus, entre autres, 950 paires de souliers de chevreuil; 262 paires de raquettes, 360 fers à cheval; 16 200 clous de fer à cheval» (Le Spectateur canadien, 2 novembre 1820). «Le département du commissariat offrira en vente en face de son bureau à Chambly, samedi prochain à 10 heures, 15 chevaux des Dragons de Sa Majesté» (La Minerve, 9 juillet 1843). L’illustration un peu caricaturale illustre tout de même le patient travail d’entraînement de ces animaux. Imaginez que ce cheval devra rester contrôlable, lorsque le canon tonnera près de lui, dans la ruée des corps à corps. N’est-ce pas? Vous seriez-vous engagés dans la cavalerie britannique en 1812? Paul-Henri Hudon