Ces inscriptions sur le pourtour de la porte d’entrée du fort datent de 1882. Cette année-là, Joseph-Octave Dion, a qui le gouvernement fédéral a confié la direction des travaux de restauration, aurait pris l’initiative de faire graver des noms. Il s’en explique par la suite au fonctionnaire des Travaux publics, qui aurait approuvé. Bien sûr, cette initiative outrepassait le mandat de monsieur Dion de pallier à la dégradation des murs et de faire les réparations indispensables. C’est un ajout de sa propre initiative. Une altération à la pierre originelle.
On y retrouve plusieurs noms de personnages (Chambly, Champlain, etc), des noms de lieux (Carillon, France, Canada), des dates (1711, 1812,1882), des groupes (milice), des événements (victoire de Duvault Vallerenne à la Bataille 1691, 250e de la fondation du fort St-Louis 1915). Plusieurs personnages ont des rapports avec Chambly et son fort. Peu importe. Là n’est pas le blâme. Ce qu’on peut déplorer, c’est une avarie à l’authenticité du fort, une dénaturation de son état primitif. Les restaurateurs modernes n’approuveraient pas. Joseph-Octave Dion s’est justifié ainsi. «Le but que se propose un gouvernement en ordonnant des travaux n’est pas seulement de donner du pain, mais encore de venir en aide au développement des talents. Je mis en pratique ce principe et employai un des ouvriers qui avait du goût, et fis graver tout autour de la porte d’entrée le nom des anciens combattants du fort tout en consacrant aussi ceux de Champlain et des héros de la bataille de Carillon. L’ouvrier Moreau y travailla une heure ou deux par jour durant quelques semaines. Cette porte se prêtait admirablement à mes projets, car tout autour il y a des panneaux. Lors de sa visite, M. Ewart a bien compris le motif qui m’a animé et en a approuvé le but». (Rapport annuel du ministre des Travaux publics, 1883-1884, Annexe 3, pages 43 à 56. Les Documents de la session du gouvernement fédéral en 1885. (Vol XVIII, 1885, no 7, pages 45 à 56). Voilà. Les criticeux peuvent se rasseoir. La mesure a été approuvée. Monsieur Dion est pardonné. On peut donc penser qu’il s’est trouvé à l’époque des objecteurs à la conscience pure pour déplorer l’ajout de ces intailles. Il ne fait pas de doute que l’ouvrier qui avait du goût, du nom de Moreau, qui a gravé les noms des héros de la Nouvelle-France dans le chambranle de la porte d’entrée est Napoléon Moreau (1852-1901), tailleur de pierre. Nous avons trouvé qu’il est le fils de l’éclusier Antoine Moreau, baptisé à Chambly le 13 juin 1852 sous le nom de Xavier-Napoléon-Charles, son parrain avait été Charles Dion, frère de Joseph-Octave Dion; sa marraine, Julie Borne, fille de Michel Borne, surintendant du canal. Napoléon Moreau donnait 28 ans, au recensement de Chambly en 1881 et, au recensement de 1891, 39 ans. Il sera inhumé à Chambly, âgé de 46 ans, le 5 juillet 1901. La photo (date imprécise, vers 1940) est extraite du fonds Armand-Auclaire, P001, aux archives de la Société d’histoire de la seigneurie de Chambly. Le personnage est le gardien Euclide Lalanne (1874-1950). Paul-Henri Hudon Ce texte vous inspire des commentaires? Vous souhaitez émettre une suggestion? Merci de nous écrire.